Après une première manifestation le 19 janvier, plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient attendues aujourd'hui sur l'ensemble du Poitou-Charentes.
Lors du premier acte de la mobilisation nationale contre la réforme des retraites, le jeudi 19 janvier, ils étaient plus d'un million dans les rues en France selon la Police, deux millions selon les organisations syndicales. Les syndicats qui comptaient bien amplifier le mouvement ce mardi 31 janvier avec de nombreux rassemblements dans tout le Poitou-Charentes.
Selon la police, ils étaient 8 500 à Angoulême, 8 300 à La Rochelle, 7 900 à Poitiers, 6 000 à Niort et 3 500 à Saintes.
Les Poitevins au rendez-vous pour battre le pavé
Parti à 14 heures, le rassemblement de Poitiers a rassemblé des milliers de manifestants. Avec un message clair : "Non à un départ à la retraite à 64 ans". Dans le cortège, des familles et des étudiants venus en nombre. Ils étaient 15 000 selon les syndicats, 7 900 selon la police.
Témoignages de manifestants
Flore, professeure des écoles à Poitiers : "Nous sommes en famille. Cela nous semblait important de montrer à nos enfants que c'était intolérable ce nouveau projet de loi et que l'on travaillait pour espérer une retraite digne. On aimerait conserver nos acquis sociaux... On l'explique à notre fille. Nos enfants sont avec nous, ça leur donne un sens civique pour la suite ".
Cathy, employée dans le secteur public : "Je trouve que ce n'est pas normal que l'on nous dise à un moment donné que ça ne se discute plus et qu'on n'ira pas en dessous des 64 ans. Moi, j'ai 53 ans, j'espère bien avoir une retraite et vu comme c'est parti, c'est la merde. Cela fait longtemps que je n'avais pas manifesté. Il faut que l'on montre que nous sommes solidaires et que l'on ne lâchera pas l'affaire. J'ai emmené plein de monde avec moi aujourd'hui ".
Lou, étudiante : "On est des étudiants de l'EESI à Poitiers. On se mobilise pour des suppressions de postes dans nos écoles. Le statut des artistes est aussi en question. La réforme des retraites nous touche directement, car nos heures travaillées ne sont pas comptabilisées pour la retraite comme d'autres professions. Beaucoup d'entre nous bossent à temps partiel, sur des boulots pénibles, on est obligé de cumuler des jobs à côté de nos métiers d'art. Pour nous, cette réforme, liée à nos emplois précaires, est compliquée. Cette réforme des retraites, c'est la goutte d'eau, il faut se mobiliser et ne pas attendre de nouvelles lois ".
Thierry, chef de projet informatique : "C'est la première fois que je suis dans une manifestation. Je trouve ça injuste, pour l'ensemble des corps de métiers. On touche quand même à notre ADN, à nos valeurs profondes. Mon grand-père me disait qu'il s'était battu pour les congés payés. Maintenant, à nous de nous battre pour garder nos droits à la retraite et aussi pour nos enfants. Je souhaite du plus profond de mon cœur que cette réforme ne voit pas le jour. Il y a encore plus de monde aujourd'hui à Poitiers qu'il y a dix jours ".
Marine, étudiante : "À 27 ans, je ne sais pas comment imaginer mon avenir, je le vois flou. C'est important de se mobiliser aussi pour les autres. Cette réforme repousse l'âge à la retraite et nous pousse à travailler plus longtemps. Travailler plus longtemps va faire produire plus, vendre plus, consommer plus. Être toujours dans la croissance, dans une planète avec des ressources limitées, ça coince. On essaye de moins polluer, on ne comprend pas cette démarche".
Denis, retraité cheminot : "Je suis là parce que j'ai des enfants. Pour ma part, je suis à la retraite, mais je pense aux autres. On va accentuer le mal-être des gens avec une telle réforme. Ce n'est pas de cette société-là que je veux. Cela va être compliqué de faire abandonner la réforme. Mais, la démocratie, c'est aussi la rue. Politiquement, ça se paye quand on n'écoute pas la rue".
Marie, retraitée : "J'ai bénéficié de la retraite à 60 ans, je suis très heureuse. Malheureusement, j'ai eu des problèmes de santé rapidement, ce qui montre que l'on peut tomber malade sans profiter du gain de son travail. Je pense que la retraite à 60 ans, c'est bon, ça fait 20 ans de jeunesse, 40 ans de travail, ça suffit ".
Un acte II, suivi à Angoulême ce matin
Angoulême a ouvert la marche, dès 10 heures, les premières manifestations contre la réforme des retraites s'élançaient en Charente.
Ils étaient 8 500 selon la police, 13 000 selon les syndicats. Sous la pluie ce matin, les manifestants, menés par le nouveau député de la 1ʳᵉ circonscription de la Charente, René Pilato (Nupes), ont défilé dans les rues de la préfecture charentaise jusqu'à midi.
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