Lors d'une manifestation de gilets jaunes en 2019, Etienne, le narrateur de "La Printanière" de Michel Quint, est pris à partie par un black bloc. Une jeune femme le sauve d'un coup de poing bien senti. Elle se nomme Mado. Le narrateur n'aura d'autre quête que de la retrouver.
Chercher la femme. Etienne, le narrateur de La printanière (Serge Safran éditeur) de Michel Quint, est obsédé par le désir de retrouver celle qui vient probablement de lui sauver la vie. Le roman, en sélection au prix Renaudot des Lycéens 2022 remis à Loudun le 15 novembre, s'ouvre sur l'entrée "avec un sourire imbécile" du narrateur dans une manifestation de gilets jaunes, à Lille, en 2019.
Pris à partie par un black bloc dans le défilé, Etienne est sauvé in extremis par une jeune femme au coup de poing particulièrement efficace. Le narrateur se convainc qu'un tel coup est l'œuvre d'une boxeuse professionnelle et part à sa recherche dans les clubs de la région armé de la description sommaire qu'il est en mesure de livrer d'elle : une Greta Garbo des années 2000. La quête a priori compliquée se révèle finalement fructueuse. Etienne tombe nez à nez avec une autre manifestante présente ce jour-là qui a immortalisé le génial coup de poing. La photo va permettre de mettre un nom sur le visage.
Elle se nomme Mado
Le roman au ton enlevé, souvent familier, se concentre sur cette quête : retrouver celle qui finalement se nomme Mado et qui a effectivement eu un parcours de boxeuse. Entre enquête policière et enquête plus personnelle, le narrateur, à travers les traces qu'il retrouve d'elle, apprend à connaître celle qui lui a évité de se retrouver KO en pleine manifestation. Mais jamais tout au long du roman il ne semble se départir de l'imbécilité de son sourire du début. La volonté de légèreté de l'auteur se fait alors de plus en plus poussive au point que certains lecteurs finiront par abandonner tout intérêt pour le récit.
Michel Quint est pourtant un romancier populaire dont les succès de librairie et les adaptations au cinéma (Effroyables jardins, notamment) font de lui une figure de la littérature contemporaine. Malheureusement, la constante légèreté de La printanière peine à convaincre comme si elle avait pour conséquence de détacher la voix du narrateur du sujet même du roman.