Sécheresse : "Cette année j'ai perdu 70% de ma récolte de concombres"

Les épisodes caniculaires de l'été 2022 ont eu des conséquences désastreuses sur les exploitations maraîchères. Légumes desséchés, fruits brûlés, plants assoiffés. Dans la Vienne, les dégâts commencent déjà à se ressentir sur les étals des marchés.

Dans la serre, les feuilles jaunies craquent sous les chaussures. Les plants desséchés se succèdent. Une grande partie des concombres a succombé à l’intense chaleur des dernières semaines. Décolorée, rabougrie, cette année, 70% de la récolte ira au compost. "On a rien pu faire pour les sauver", déplore Mathieu Rullier, maraîcher à Mignaloux-Beauvoir.

L’exploitant ne peut que constater les dégâts, sans oser les chiffrer, et s’occuper des plants qui ont tenu le coup. "Normalement la plante doit être verte et porter de beaux fruits…" Certains concombres, arrivés à maturité, ont conservé leur jolie couleur émeraude. Mais les pertes sont conséquentes et sur l'exploitation maraîchère les concombres ne sont pas les seuls touchés.

Dehors, les tomates ont pris des coups de soleil. Résultat, une partie des fruits a blanchi, les rendant invendables. "La partie blanche n’est pas bonne à la consommation, explique le maraîcher en observant ses tomates abîmées. Ça ira au compost aussi, ou en tomates à sauce…"

Plus loin, les salades n’ont même pas eu la possibilité de pousser. Agenouillé à côté de ses plants brûlés, l’exploitant tente de rester positif. "On a fait une petite plantation parce qu’on s’attendait à ce résultat", indique-t-il. Sur cette jeune plantation, au moins 15% des pieds sont perdus au démarrage. "Cette année, c’est beaucoup plus violent que les années précédentes. On espère que les épisodes de chaleur comme ceux qu’on a subis sont terminés."

Des prix en augmentation

Ces pertes conséquentes dans les récoltes de fruits et légumes commencent déjà à avoir des répercussions. Sur les marchés ou encore les grandes surfaces, les prix montent. "Comme tout le monde j’ai constaté que les prix sont élevés, confirme une cliente d’un marché de Poitiers. Alors je réduis ma consommation de viande et le poisson pour pouvoir continuer à acheter mes légumes."

Pour l’un des vendeurs du marché des Couronneries, le pire reste encore à venir. "On a des pertes sur tout, les tomates qui mûrissent trop, les melons mous… ou encore les poireaux qu’on a du mal à planter à cause du sol trop sec !" s’exclame le maraîcher. L’avenir s’annonce compliqué. La quantité de fruits et légumes baissera forcément avec toutes ces pertes, alors que la demande, elle, reste constante. "Les légumes seront plus chers, c’est évident. Pour l’instant ça ne se ressent pas trop, mais d’ici fin septembre, on verra la différence."

Avec des prix avoisinant les 6 euros le kilogramme de haricots verts et 4,50 euros le kilogramme de tomates, la marchandise semble pourtant déjà bien chère. "C’est plus comme avant, constate une habituée. Je viens moins souvent, je suis plus regardante…" A la rentrée, une fois l’été terminé, les épisodes de sécheresse appartiendront peut-être au passé, mais toutes leurs conséquences seront encore bien visibles.

Reportage d'Elodie Gerard et Romain Burot

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