[SÉRIE 5/5] Mai 68 en Poitou-Charentes : deux élus se souviennent

Nous poursuivons notre série de témoignages sur mai 68 en Poitou-Charentes. Aujourd'hui, c'est l'ancien député-maire socialiste de Poitiers, Jacques Santrot, et la députée européenne Elisabeth Morin-Chartier, qui se souviennent de leur mai 68 à eux, c'est-à-dire à Poitiers.

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Jacques Santrot, ancien député-maire socialiste de Poitiers, et Elisabeth Morin-Chartier, députée européenne, ont tous deux vécu mai 68 dans la ville de Poitiers. Ils en gardent chacun des souvenirs particuliers qu'ils ont accepté de partager. 

Le campus, lieu des grandes décisions


En mai 1968, Jacques Santrot a 29 ans et est maître-assistant à l'École Nationale Supérieure de Mécanique et d'Aérotechnique (ENSMA). Proche de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), il a joué un rôle actif dans l'organisation des manifestations. 

Il y a eu des choses en centre-ville mais c'est surtout sur le campus que se passaient les assemblées générales et les grandes discussions nocturnes. C'est aussi là que se décidaient les manifestations, en relation avec les syndicats qui faisaient le relai avec les entreprises en grève.

De son côté, Elisabeth Boutin ne s'appelle pas encore Morin-Chartier. Elle a 18 ans et poursuit ses études à la faculté d'Histoire de Poitiers. Elle aussi a participé au mouvement des étudiants.
 

Personne ne pouvait échapper à ce mois de mai 68. Mon frère, qui était en normale sup à Paris, était aussi au coeur des événements. Il m'a apporté tout ce vent parisien, qui était très en avance sur ce que l'on vivait à Poitiers. Ici, c'était quand même extrêmement bon enfant à côté de Paris.
 


Des souvenirs marquants


Les deux élus ont chacun été marqués par des détails, des souvenirs plus ou moins importants. Pour Elisabeth Morin-Chartier, il s'agit de l'attitude d'un professeur d'histoire : 

Avec mai 68, les enseignants ont compris qu'ils n'étaient plus sur leur piédestal. Je me souviens qu'en histoire, on avait un professeur qui descendait l'escalier central du l'amphithéâtre de façon assez théâtrale. Et tant qu'il n'était pas arrivé à son pupitre, on devait rester debout. Je peux vous dire qu'après mai 68, on va vite changer ça.

Jacques Santrot, lui, se rappelle plutôt d'une manifestation sur la place de la Préfecture. 

Pendant les manifestations, il y avait des travaux. Les ouvriers étaient en train de refaire la place de la Préfecture quand tout a éclaté. Ils n'ont pas eu le temps d'évacuer tout le matériel, ils ont évacué que ce qu'on voyait, c'est-à-dire les brouettes, les pelles mais ils n'ont pas eu le temps d'enlever les pavés. Ils sont restés sous un tas de sable pendant tout le mois de mai ! Il n'y a pas un seul gars qui a gratté le sable pour voir ce qu'il y avait en dessous. 


Les victoires de mai 68


Mai 68, c'est aussi un moment où la population française a obtenu de grandes victoires sociales. "Ça a fait bouger les choses à l'université où effectivement les étudiants ont trouvé un certain droit à la parole et une certaine représentativité qu'ils n'avaient pas avant", assure Jacques Santrot. 

Cette liberté des femmes et cette égalité entre les hommes et les femmes, ont les a gagné aussi à l'époque et encore aujourd'hui, ce sont des choses qui comptent toujours, surtout quand je vois les batailles que je dois mener au Parlement européen. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, souligne Elisabeth Morin-Chartier. Je n'ai jamais oublié mes heureuses années à l'université de Poitiers parce que les combats que nous avons gagné en France à ce moment-là, ils ne sont pas encore gagnés partout.


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