Six personnes comparaissent ce mercredi 14 octobre devant le tribunal judiciaire de Poitiers pour trafic d'héroïne. L'homme soupçonné d'être à la tête de ce réseau est incarcéré à la prison de Vivonne ; deux téléphones portables ont été retrouvés dans sa cellule.
Six personnes étaient convoquées devant la justice ce mercredi 14 octobre à Poitiers. Ces trois hommes - tous détenus - et trois femmes -sous contrôle judiciaire- devaient répondre de trafic de stupéfiants, en l'espèce deux kilos d'héroïne écoulés en six mois dans le sud de la Vienne pour un montant de 42.000 euros.
Des appels depuis la prison
Les enquêteurs sont parvenus à démanteler ce réseau par le biais d'écoutes téléphoniques. Un informateur leur avait indiqué qu'il était facile de se procurer de la drogue chez un particulier de Chaunay (Vienne), la surveillance des conversations leur a appris que certains appels étaient passés depuis la prison.Le plus surprenant dans cette affaire c'est le profil de l'homme soupçonné d'être à la tête de ce réseau. Christophe B., 54 ans, est actuellement incarcéré à la maison d'arrêt de Vivonne.
Bien connu de la justice, il a passé dix-neuf des vingt dernières années en prison. Selon les enquêteurs, le quinquagénaire communiquait avec l'extérieur et avec ses complices par téléphone; il pouvait ainsi tranquillement gérer ses affaires derrière les barreaux.
Accro au téléphone, Christophe B. participait à un trafic d’héroïne dans le Sud-Vienne depuis sa cellule du centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne, selon les enquêteurs de la brigade de recherche de la #gendarmerie de la #Vienne86. 1/2 @F3PoitouChtes pic.twitter.com/DxLwoJ1rfV
— Antoine Morel (@F3AntoineMorel) October 14, 2020
Deux téléphones et quatre puces
Lors d'une perquisition, la brigade de recherches de la gendarmerie de la Vienne met la main sur un smartphone et un petit appareil dans la cellule de Christophe B. Les écoutes téléphoniques révèlent que l'homme a également en sa possession quatre cartes SIM qu'il a pu faire passer à l 'occasion d'un tranfert entre les prisons d'Agen et de Vivonne.Un détenu hyper connecté donc et très bavard ; pouvant passer plus de 3.000 appels et SMS en deux jours, aimant aussi se prendre en photo en détention. De quoi interroger : comment des téléphones portables peuvent-ils entrer en prison alors qu'ils y sont interdits ?
L'avocat de Christophe B. ne se dit pas surpris et explique l'avoir lui même constaté à ses dépens.
Quand un justiciable dont vous êtes l'avocat vous appelle et qu'en cinq secondes vous tiltez qu'il est incarcéré (...), vous raccrochez tout de suite.
Les prisons, passoires à portable ?
Des téléphones dans quasiment chaque cellule ? Olivier Falorni en est convaincu; il dénonce un véritable fléau, qualifiant les prisons de "passoires à portables". Selon le député de Charente-Maritime, spécialiste des questions de sécurité dans les prisons françaises, l'administration pénitentiaire a saisi 40.000 téléphones et accessoires dans les prisons de l'hexagone en 2017.Estimant quasi-impossible d'interdire l'entrée des portables en prison, l'élu rochelais estime nécessaire de "casser le système", plaidant pour l'adaptation des matériels de brouillage "à la réalité des technologies d'aujourd'hui".C'est un véritable fléau, difficile à combattre (...). Les portiques ne sonnent pas toujours, les fouilles après les parloirs ne sont plus pratiquées, et le parachutage au delà des murailles se fait.
→ Regardez le reportage d'Antoine Morel et Stéphane Bourin avec Me Jean-François Changeur, Avocat d'un des principaux prévenus et Olivier Falorni, Député de la Charente-Maritime (Groupe Libertés et Territoires) :