Quand Frédérique (nom d’emprunt) annonce à son conjoint qu’elle le quitte, elle n’imagine pas le cauchemar qui va suivre. Pascal (nom d’emprunt) va harceler son ex-compagne, pendant plusieurs années, jusque sur son lieu de travail.
Notre équipe a rencontré Frédérique (nom modifié), victime de harcèlement. Elle nous livre son témoignage.
"Je l’ai quitté le 1er septembre 2014, et après il n’a pas supporté"
Elle ajoute « j’ai toujours eu peur, mais bon, toutes ces années, j’ai fait comme si tout allait bien. J’étais incapable de porter plainte toute seule ». « Ma fille m’a dit un jour, maman tu ne peux pas rester comme ça, on y va toutes les deux. »Mes amis sont venus m’aider à déménager, et il a voulu me jeter du 3e étage. Il venait sur mon lieu de travail, il me sifflait. Il me suivait même quand je débauchais, il me suivait tout le temps.
- Frédérique, victime
Frédérique nous raconte que le premier pas est compliqué, très compliqué même.
« Vous entrez dans le commissariat (…) et vous vous dites, est-ce que la police va vous croire ? C’est surtout ça le problème. Mais j’ai vu un fonctionnaire qui était à l’écoute. » « Comme mon ex-conjoint continuait à me harceler, j’y suis retournée à chaque fois pour déposer plainte, mais toute seule cette fois. »
Son harceleur a été condamné une première fois devant le tribunal correctionnel de Poitiers à une peine de prison avec sursis, avec interdiction d’entrer en contact avec sa victime. Mais comme le sexagénaire, ancien salarié du secteur bancaire, est revenu harceler Frédérique sur son lieu de travail, les juges l’ont ensuite placé en détention.
Frédérique a su trouver la force de franchir la porte du commissariat de Poitiers, où l’accueil est formé à la prise en charge des femmes victimes. Par exemple, lorsqu’une personne ne souhaite pas se confier immédiatement à un policier, on lui propose de rencontrer une intervenante sociale, comme Amélie, qui travaille à ce poste depuis sept ans. Avec sa collègue, elles sont salariées de l’association PRISM spécialisée dans l’aide aux victimes et elles reçoivent dans leur bureau trois à quatre femmes par jour, victimes de violences au sein du couple.
Il y a aussi toutes celles qui restent dans le silence et qu'on ne connaît pas. Ce qui m’interpelle aujourd’hui, c’est qu’on rencontre de plus en plus de jeunes femmes, entre 17 et 22 ans, qui sont inscrites dans des violences assez importantes au sein de leur relation conjugale.
- Amélie, intervenante sociale de l'association PRISM
« On peut s’auto-saisir d’une simple main-courante. Sans dépôt de plainte, le magistrat peut tout de même poursuivre une personne mise en cause, au vu de ses antécédents. Donc il ne faut pas hésiter à venir nous voir, on est là pour entendre les victimes, les écouter, leur trouver le meilleur accompagnement possible. »
Ecoutez le témoignage de Frédérique
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