Au sein du peloton, des coureurs participent au Tour Poitou-Charentes avec en ligne de mire les Jeux olympiques 2024. Le fruit d'un accord entre des équipes de deuxième plan et la Fédération française de cyclisme.

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La moiteur étouffante de La Roche-Posay n'avait sans doute rien à envier à celle de l'Olympe, en Grèce. Au point de parfumer le Tour Poitou-Charentes d'une senteur olympique, à un an des JO de Paris. Devant le car rose de l'équipe Van Rysel-Roubaix Lille Métropole, un coureur achève de se préparer, jeudi 24 août, avant le contre-la-montre. Thomas Boudat peine à fixer son casque, tandis que des membres de l'équipe le chambre. Quelques vannes, des rires. "Allez bon amusement", tranche Arnaud Molmy, le directeur sportif de l'équipe nordiste du troisième échelon national, tandis que son coureur se dirige vers la ligne de départ.

Il a le sourire, car voir son équipe présenter un coureur de ce calibre a de quoi surprendre. Thomas Boudat, c'est un titre mondial, un européen, six titres nationaux... obtenus sur piste, loin des routes.

Mais ce "pistard" n'est pas en reste sur les courses en ligne, lui qui est passé par des équipes World Tour (la première division nationale) de premier plan comme TotalEnergies puis Arkéa-Samsic. S'il est là, c'est qu'il a un rêve, une obsession. "Disputer les JO, soufflait le sprinteur quelques minutes auparavant, encore vêtu de son survêtement. C'était la condition la plus importante pour moi. C'est en France en plus ! C'est quelque chose d'énorme, de très important pour ma carrière." 

Seulement voilà, une équipe World Tour renâcle à laisser un coureur, qu'elle paie, à disposition de sa Fédération nationale pour préparer une échéance telle que les Jeux olympiques. Stages nationaux, compétitions internationales, le calendrier de la piste est chargé. "Le fait que je passe pas mal de temps sur la piste n'était pas très attirant pour les autres équipes, expliquait Thomas Boudat, sans contrat à l'été 2021 au sortir d'une année compliquée chez Arkéa-Samsic. J'ai fait le choix de sacrifier un peu ma carrière sur route : je mets la route au service de la piste." 

"C'est gagnant-gagnant, analyse Paul Brousse, sélectionneur de l'équipe de France femmes de cyclisme sur route et consultant France Télévisions sur ce TPC. Une équipe comme Van Rysel-Roubaix Lille Métropole accueille des coureurs performants, qui acceptent de faire des concessions sur les salaires. En échange, la Fédération veut les avoir à disposition quand elle le demande." C'est d'ailleurs la Fédération qui paie une partie du salaire de ces coureurs pré-sélectionnés pour les Jeux olympiques, pas nécessairement dans la grille salariale d'une équipe de troisième division. "On a signé une sorte de pacte avec l'équipe de France quand on a pu accueillir Thomas Boudat, Valentin Tabellion [qui a abandonné lors de la première étape du TPC] et Thomas Denis, confirme le directeur sportif de l'équipe. L'idée, c'est de leur servir de support et de leur donner de l'activité route afin de préparer au mieux l'activité piste."

Le spectre de la blessure

Comme l'évoquait Thomas Boudat avant l'échauffement, l'équipe pose le calendrier piste, superpose le calendrier route et sélectionne les épreuves pouvant lui convenir... comme le Tour Poitou-Charentes. Tout juste revenu des championnats du monde sur piste, qui se sont déroulés à Glasgow en août, Thomas Boudat doit enchaîner les kilomètres pour se refaire une condition physique. Une course de plusieurs jours, avec un chrono, trouvait parfaitement sa place dans le road-book pour Paris 2024. "Venir sur ce tour était important pour moi, confirmait le coureur. Il n'y a plus beaucoup de courses par étapes d'ici la fin de saison."

Seulement, trouver sa place dans une équipe aux moyens limités avec l'étiquette de parachuté des JO, peut générer certaines tensions. La sélection française pour les épreuves de course sur piste comptera quatre élus, pour six candidats potentiels. A un an de l'échéance olympique, il n'est plus temps de se blesser. De quoi générer un "blocage psychologique", comme le qualifie son directeur sportif. "J'essaie de pas y penser mais je sélectionne davantage les moments où je vais vraiment à la bagarre devant, avouait le pistard. Auparavant j'allais à tous les sprints à 200%, maintenant je veux limiter les risques."

Une prudence parfois malvenue vis-à-vis de coéquipiers qui travaillent dur pour amener le sprinteur de l'équipe en bonne position. Achever cette lutte par un refus d'obstacle de la part du pur-sang venu des haras du World Tour a de quoi frustrer. "Ca n'a pas été évident à gérer au début, reconnaît Arnaud Molmy, le directeur sportif qui s'empresse de désamorcer. On peut pas tout demander : il y a la lumière et l'exposition qu'il nous apporte, et le jour où il sera décidé à aller batailler, il le fera savoir et ses coéquipiers seront très contents de travailler pour lui." Ils le seront d'autant plus si Thomas Boudat gagne son pari et glane des médailles pour la France lors des Jeux olympiques, dans un an. Cette senteur olympique humée à La Roche-Posay pourrait alors se muer en douce odeur de laurier. Cet arbre dont sont faites les couronnes des vainqueurs.

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