Dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 février, deux départs de feux se sont déclarés dans un immeuble du quartier des Couronneries de Poitiers. Au total, les locataires ont connu cinq départs de feux depuis deux mois.
C'est une situation qui exaspère les locataires, le bailleur social et la mairie de Poitiers. Depuis plusieurs mois, un immeuble de la rue de Bourgogne, situé dans le quartier des Couronneries, connaît des incendies à répétition dans ses parties communes. Le premier a eu lieu le 14 décembre dernier, puis un deuxième le 22 décembre, un troisième le 5 janvier 2024 et enfin, deux autres départs de feux entre le 14 et le 15 février derniers : cinq au total.
"On se dit que, la même nuit, deux feux au même endroit, c’est suspect"
Deux départs de feux dans la même nuit inquiètent fortement les habitants. "Les pompiers sont venus deux fois et nous ont sortis de chez nous deux fois de suite. Ça commence à créer un sentiment d’insécurité, tout le monde a un peu peur", raconte Chiacap Kitoyi, locataire au sein de l'immeuble. Cela fait plus de quarante ans qu'il vit dans cette tour. Ces sinistres de plus en plus fréquents demeurent un mystère pour lui. "Auparavant, on n’a jamais eu de soucis, c’était calme. On ne comprend pas vraiment ce qui se passe".
Ces multiples incendies engendrent des conséquences financières importantes dont les locataires aimeraient bien se passer. Lorsque les pompiers interviennent, ils sont dans l'obligation de forcer la serrure de toutes les portes de l'immeuble, afin d'évacuer les habitants. Le coût de réparation est estimé à 450 euros pour chaque habitant. Des frais avancés, remboursés par la suite.
Selon Chiacap Kitoyi, les pompiers "ont cassé des portes, car certains locataires n’étaient pas là et pour savoir si tout se passait bien. Au bout de deux heures, on a regagné nos appartements quand tout était okay. Quarante-cinq minutes après, on a eu un autre feu au même endroit. Donc la police et les pompiers sont revenus, ont appliqué la même procédure. On se dit que, la même nuit, deux feux au même endroit, c’est suspect".
Plus d'électricité dans les parties communes de l'immeuble
Mère de plusieurs enfants, Bélinda Laurans s'insurge quant à l'insécurité qui règne depuis quelques semaines dans l'immeuble. "J’ai un peu peur pour moi et mes enfants. Ça fait plusieurs fois que ça arrive et je suis inquiète. Je suis aussi un peu révoltée, car on paye notre loyer et normalement, on doit être en sécurité et malheureusement, depuis trois mois, ce n’est plus le cas. C’est vraiment insupportable".
Elle angoisse désormais lorsqu'elle rentre chez elle du travail. "Quand on discute avec les autres habitants de l’immeuble, ils en ont marre, ils ont peur, certains veulent déménager. Avant, on se disait bonjour régulièrement, maintenant, on se méfie un peu. Dès que j’entends un bruit, j’écoute. Mais je ne sais pas ce qu’il se passe. Quand je rentre le soir, il y a une certaine appréhension". L'interphone et les portes d'entrée de l'immeuble ne fonctionnent plus.
Malgré le début de l’enquête, nous n’arrivons pas à trouver l’origine de ces incendies.
Cathie FayeDirectrice de territoire Ekidom
Le bailleur social de l'immeuble, Ekidom, en a pour "plus ou moins 10 000 euros de travaux à réaliser". Malgré tout, les réparations se font attendre. Elles "ne se font pas aussi rapidement qu’on le souhaiterait puisque les commandes de matériels électriques et électroniques demandent un certain temps avant d’arriver", explique Cathie Faye, directrice de territoire. "Les locataires sont défavorisés : certains sont restés deux mois sans internet".
"Malgré le début de l’enquête, nous n’arrivons pas à trouver l’origine de ces incendies", ajoute-t-elle, qui travaille conjointement avec la police. Ce mardi 20 février, dans la soirée, la plupart des locataires de l'immeuble, en compagnie d'Ekidom et de deux officiers de la Police judiciaire, ont discuté d'éventuels dispositifs de sécurité à mettre en place dans le bâtiment. Selon nos informations, des caméras de surveillance vont être installées dans les parties communes d'ici quatre à cinq jours. L'enquête ouverte par la police est toujours en cours.