23 personnes soupçonnées de "trafic de migrants à grande échelle" vers le Royaume-Uni ont été arrêtées en France et aux Pays-Bas. Elles sont soupçonnés d'avoir fait passer 10.000 migrants kurdes clandestinement après les avoir récupérés sur des parkings d'aires de repos entre Le Mans et Poitiers.
Ce trafic de migrants voulant rejoindre l'Angleterre passait notamment par l'autoroute A10 et l'aire d'autoroute de Châtellerault-Usseau, au nord de Poitiers, dans la Vienne.
Les migrants cachés près des aires d'autoroute
Le mode opératoire était bien rôdé. La nuit, les passeurs amenaient des migrants qu'ils cachaient à proximité de l'aire de repos. Ils identifiaient ensuite des camions à destination de l'Angleterre et faisaient monter les migrants à bord. Ces derniers payaient jusqu'à 7.000 euros pour le passage. Ensuite, toujours à l'insu des chauffeurs, les trafiquants laissaient partir les camions transportant les migrants vers le nord de la France et l'Angleterre.Des passeurs arrêtés à Poitiers et Châtellerault
19 policiers de la police aux frontières ont passé plusieurs jours à Poitiers dans le cadre de l’enquête sur ce vaste trafic d’êtres humains entre le Moyen-Orient et l’Angleterre. Plusieurs interpellations de passeurs ont été réalisées dans les agglomérations de Poitiers et de Châtellerault. Les enquêteurs vont présenter les personnes interpellées au procureur de la juridiction interrégionale spécialisée de Rennes. Ces passeurs opéraient notamment dans des aires de repos de l’autoroute A10.Eurojust, l'unité européenne de coopération judiciaire, a annoncé que les suspects ont été arrêtés pour "suspicion de trafic de migrants à grande échelle". Ils sont soupçonnés d'avoir fait passer quelque 10.000 migrants kurdes, venant de la zone irako-syrienne et de Turquie, clandestinement vers le Royaume-Uni dans des camions réfrigérés et des petites embarcations pneumatiques, après les avoir récupérés sur des parkings d'aires de repos entre Le Mans, Tours et Poitiers, et notamment sur l'Autoroute A10.
16 personnes présentées à un juge
16 personnes de nationalité irakienne et originaires du Kurdistan, selon leurs déclarations, ont été présentées à un juge d'instruction de Rennes et ont été mises en examen pour aide à l'entrée, à la circulation et au séjour irréguliers d'un étranger, traite d'êtres humains , blanchiment et participation à un association de malfaiteurs. Les 16 mis en examen ont été placés en détention.
Des rivalités entre passeurs et un meurtre au Mans
Les rivalités entre passeurs ont donné lieu à des faits de violence avec arme, et notamment à la mort d'un des protagonistes le 8 janvier au Mans. Deux hommes, âgés de 19 et 20 ans et de nationalité irakienne, selon leurs explications, ont été mis en examen pour meurtre en bande organisée et placés en détention.
70 millions de gains pour le réseau de trafiquants
Au total, 19 personnes ont été arrêtées en France et quatre aux Pays-Bas, dans les environs de La Haye. Les forces de police ont également perquisitionné cinq locaux du réseau criminel qui demandait jusqu'à 7.000 euros par traversée. Les gains de ce trafic d'êtres humains s'est élevé à 70 millions d'euros, a précisé Eurojust.Les autorités françaises, qui ont commencé en août 2018 leurs investigations sur le réseau, ont régulièrement repéré des suspects dans des véhicules aux plaques d'immatriculation néerlandaises, ce qui a conduit à l'ouverture d'une enquête aux Pays-Bas et à une coordination d'Eurojust.
Elles ont par ailleurs indiqué avoir intercepté mercredi 24 migrants qui tentaient de traverser la Manche lors de deux opérations de secours en mer au large des côtes françaises.
Depuis fin 2018, les tentatives de traversée illégales de la Manche se sont multipliées malgré le danger lié à la densité du trafic, aux forts courants et à la faible température de l'eau.
En 2019, 2.758 migrants tentant ces traversées avaient été secourus par les autorités françaises et britanniques, soit quatre fois plus qu'en 2018.