Actuellement en France, moins de 1 % de l'eau est recyclé. Les réglementations devraient être moins exigeantes d'ici à 2030 et permettre une plus ample réutilisation des eaux usées. Dans la Vienne, une réserve d'eau destinée à l'irrigation utilise depuis 15 ans de l'eau recyclée.
C'est une bassine tout à fait semblable à celles qui divisent, à Sainte-Soline notamment. Comme ailleurs, les milliers de m3 d'eau stockés ici sont utilisés pour irriguer de grandes cultures, blé, maïs ou colza.
Cependant, cette réserve d'eau est unique en son genre : la source d'approvisionnement n'est pas la même que pour les autres installations. Ici, les agriculteurs ne puisent pas du tout dans les nappes phréatiques. L'alimentation de la réserve provient de l'usine de traitement des eaux usées située à quelques centaines de mètres.
"Au fond du bassin de décantation, du charbon fixe la turbidité, les pesticides, bactéries et virus contenus dans les eaux de lavage. L'eau de surface est récupérée, contrôlée et expédiée vers la réserve" explique le responsable du centre d'exploitation des eaux de Vienne, Dominique Viaud.
De l'usine de traitement, 170 000 m3 d'eaux usées sont ainsi filtrées puis stockées dans la réserve destinée à l'irrigation. Un fonctionnement qui existe depuis une quinzaine d'années, et permet d'éviter aux agriculteurs de puiser dans les nappes phréatiques.
"Si on n'avait pas d'eau, on ne pourrait pas produire, rien ne pousserait" explique cet agriculteur, qui profite de l'équipement pour ses cultures. "On a des sols à faible réserve utile. Dès qu'on est 15 jours à trois semaines sans pluie, ça devient très compliqué."
En échange, leur forage est utilisé par l'usine de La Villedieu-du-Clain pour fournir de l'eau potable aux usagers.
Ce modèle de recyclage des eaux usées, encore rare, fait partie des pistes annoncées par le chef de l'Etat le 30 mars dernier pour son plan de gestion de l'eau.