La communauté urbaine du Grand Poitiers va développer une filière chanvre sur son territoire. Une plante peu exigeante qui a des usages dans l'alimentation, dans la construction et dans la dépollution.
La communauté urbaine a décidé de miser sur le chanvre et veut porter une nouvelle filière sur son territoire. A Aslonnes, 250 hectares seront plantés l'année prochaine. Ce "chanvre industriel" est autorisé en France car sa teneur en THC, la substance active psychotrope, est inférieure à 0,2%.
Agriculture, construction et alimentation, les mille possibilités du chanvre
Le projet s'oriente autour de trois volets. Un volet agricole avec un soutien aux cultivateurs, un volet dans le bâtiment pour la rénovation et l'isolation naturelle et un volet alimentaire. "La restauration collective est un levier important et facile à mettre en oeuvre. Nous pouvons faire plusieurs produits avec les graines : les graines à croquer, la farine et de la purée" explique Céline Le Lard, responsable du pôle production eau potable à Grand Poitiers.
Du pain à base de farine de chanvre et du fromage aux graines de chanvre sont testés et devraient être introduits dans les menus des écoles et des Ehpad d'ici l'année prochaine.
La communauté urbaine du Grand Poitiers a également proposé aux maîtres d'ouvrages et architectes des journées "main à la pâte" afin de leur faire découvrir les techniques d'utilisation des fibres de chanvre pour l'isolation.
Pour prolonger l'expérimentation et pouvoir proposer un exemple concret d'utilisation du chanvre dans le bâtiment, la communauté urbaine accompagne la rénovation d'un groupe scolaire à Biard.
Trouver un équilibre économique pour le producteur
David Blot est exploitant agricole à Aslonnes et partenaire de la communauté urbaine sur cette expérimentation de la filière chanvre. Pour lui, diversifier les utilisations de la plante est primordial pour trouver un équilibre économique. "Pour que ce soit rentable, la vente de la graine seule ne suffit pas. Il faut valoriser la plante entière, toute la fibre."
Cette valorisation nécessite des investissements. "Il faut acheter des machines pour le rebroyage, le triage et le conditionnement" explique l'agriculteur. "Il faut peu d'eau, peu d'intrants, c'est une plante peu exigeante et peu gourmande" reconnaît David Blot.
C'est du fait de ces qualités agronomiques que la communauté urbaine du Grand Poitiers s'est intéressée à la culture du chanvre industriel, pour un usage, à l'origine, assainissant.
Les plants de chanvre protègent la qualité de l'eau potable
"Au départ, nous utilisions le chanvre pour protéger la qualité des eaux potables. C'est une culture à bas niveau d'impact qui a besoin de peu pour pousser. Elle permet d'assainir les captages en eau potable dégradés par des pollutions diffuses aux nitrates et aux pesticides" explique Céline Le Lard, la responsable du pôle production eau potable à Grand Poitiers.
Une filière de producteurs, transformateurs, distributeurs de produits issus du chanvre et partenaires publics et privés s'est constituée en association et organise de nombreux événements autour de la plante et de ses usages.
VIDEO. Reportage de Norbert Evangelista et Stéphane Hamon