Adoptions en baisse, abandons en hausse, mais aussi dons en chute libre depuis l'année dernière, le refuge SPA de Poitiers, qui affiche presque complet, tire la sonnette d'alarme.
C'est un refrain que les refuges d'animaux ne connaissent que trop bien. Tous les étés, le nombre d'abandons flambe et celui des adoptions dégringole. Et cette année, l'inflation vient s'ajouter à la liste. Le Secours et Protection des Animaux (SPA) de Poitiers ne déroge pas à la règle : ce mois-ci, il n'y a eu que 30 adoptions de chiens, alors que 60 autres chiens n'ont pas pu être accueillis. Selon le refuge, la situation est catastrophique.
"Les chiens rentrent, mais ne sortent plus." Chana Tadlaoui constate, défaite, la triste réalité du refuge dans lequel elle travaille. Dans certains box, les employés animaliers n'ont parfois pas d'autres choix que de mettre les chiens à plusieurs. "Ce n'est pas idéal, mais c'est mieux que rien", juge l'employée. Alors que la SPA a l'obligation de récupérer les chiens déposés par la fourrière, les places sont déjà quasiment toutes complètes.
"Pour les arrivées par la fourrière, on est obligés de les prendre, mais pour les cas de maltraitance et d'abandons, ça devient très très compliqué. On veut continuer à accueillir les animaux dans les meilleures conditions possibles."
Chana Tadlaoui, employée de la SPA
L'abandon est un acte de maltraitance, puni par loi. Pourtant, les Français sont toujours considérés comme les champions d'Europe d'abandons d'animaux. Selon l'association PETA, environ 100 000 animaux sont laissés par leurs propriétaires chaque année en France, dont 60 000 à l'approche des vacances d'été.
Une propriétaire venue déposer son chien devra s'en aller bredouille aujourd'hui. "Même dans les chenils ou les espaces de ce style, il n'y a pas de place." Si, pour elle, laisser son animal est un crève-cœur, elle estime ne pas avoir de solutions alternatives. "Quand on n'a pas le choix, on n'a pas le choix." Il faut dire que si pendant la période de vacances, les abandons d'animaux sont toujours très nombreux, le phénomène s'amplifie avec la situation économique actuelle.
Guy Caullery peut en témoigner : il a six animaux à la maison. "Entre la stérilisation, le tatouage, le puçage, la vaccination, l'antipuce et la nourriture : c'est un coût !" Le prix des produits alimentaires pour animaux subit en effet une augmentation de 13 à 17 %. Pour l'amoureux des animaux, l'inflation pourrait être une des raisons pour lesquelles les gens sont parfois contraints d'abandonner leurs animaux.
400 animaux peuvent être adoptés
C'est en tout cas un des sujets d'inquiétude pour le refuge qui a vu son nombre de dons fondre comme neige au soleil : moins 30% de dons par rapport à l'année dernière. Moins de dons, c'est moins de fonds pour payer les soins pour les animaux, l'entretien des lieux et les salaires des employés.
Guy Caullery continue à donner trois sacs de croquettes pour chats et autant pour chiens chaque mois à la SPA. Il confirme que le prix de la nourriture pour animaux a beaucoup augmenté. "On fera un restaurant de moins", consent ce retraité. En revanche, impossible pour lui d'en adopter de nouveaux. "La maison n'est pas extensible malheureusement." À la SPA de Poitiers, 400 chiens et chats attendent encore d'être adoptés.