Vienne. Le collectif "Bien Commun La Puye" ne veut pas d'usine de méthanisation

Longtemps rejeté par les élus municipaux, le permis de construire a été signé en décembre dernier par la préfète de la Vienne. Les habitants de La Puye (Vienne) manifestent leur mécontentement concernant ce projet d'usine de méthanisation à quelques mètres du bourg.

Les habitants de la commune de La Puye (Vienne) se mobilisent contre un projet de construction d'usine de méthanisation. Outre l'emplacement, c'est l'objet même de cette usine qu'ils estiment inapproprié.

Depuis l'autorisation du permis de construire signé par la préfète de la Vienne en décembre dernier, la colère est montée d'un cran. Pour les habitants de La Puye, cette unité de méthanisation est loin, très loin d'être propre. Situé à seulement 400 mètres du bourg, et placé au sud-ouest de la commune, sous les vents dominants, le site se construira à la place d'un petit bois placé en haut d'une colline.

Cette installation serait gérée par La Puye Biogaz (qui appartient à Technique Solaire). Cette entreprise est aussi en charge d'un autre dossier épineux, celui d'une ferme de 1.200 taurillons à Coussay-les-Bois.

Il va y avoir une circulation accrue de poids lourd, des problèmes d'odeurs, des épandages dont on ne connait pas la destination…
- Frédéric Gautreau, membre du collectif "Bien Commun La Puye"

On veut faire une agriculture, soit disant de qualité, on prône l'agro-écologie et l'agriculture biologique, et là, on encourage une agriculture conventionnelle et industrielle.
- Xavier Charrier, membre du collectif "Bien Commun La Puye"

Pour construire cette usine, un bois sera arraché. Moi j'ai un champ en bas de ce terrain. Si un jour il y a une fuite (ou même les eaux pluviales), c'est un risque pour mon exploitation. Pour moi, le site est mal choisi.
- Nicolas Fortin, agriculteur et riverain du futur site de méthanisation

Une pétition a aussi été mise en ligne contre ce projet. Elle rappelle les nuisances qui émaneront de l'activité de cette future usine ; circulation continuelle de camions générée par l’alimentation et l’évacuation des déchets de l’usine, construction d’un gazoduc de 28 km pour acheminer le gaz produit à Châtellerault, pollutions induites par les rejets dans l’environnement (dans les eaux de surface, dans l’air, dans les sols), risques sanitaires et accidents.
D'autre part, un financement participatif est aussi proposé. L'argent collecté servira à financer les dépenses liées à l'information (tracts, banderoles...) ainsi qu'aux frais liés aux procédures juridiques entamées par le collectif.

► Page Facebook du collectif "Bien commun La Puye" Suite au succès de cette manifestation dominicale, d'autres actions collectives devraient se multiplier dans les prochaines semaines.
Conscients d'être le pot de terre face au pot de fer, les habitants de La Puye veulent pourtant croire à la victoire finale.
 

Comment fonctionne une usine de méthanisation ?

La méthanisation permet de produire un biogaz issu de la fermentation des déchets, des effluents d’élevages, des résidus de cultures... Ce gaz est utilisé pour produire de la chaleur, de l’électricité et pour faire fonctionner des véhicules. Selon l'ADEME, cette technologie contribue à réduire la dépendance énergétique de la France et à atteindre ses objectifs de développement des énergies renouvelables. C'est aussi une véritable opportunité au niveau local, notamment pour les agriculteurs ou les collectivités.

► La méthanisation en 10 questions (ADEME)
► Méthanisation agricole, comment ça marche ? (futura-sciences)

A quoi ressemble une usine de méthanisation ?

Ci-dessous, le plan masse de l'usine de méthanisation Médoc Energie à Hourtin (Aquitaine)

 Et en photo, dans le paysage

Selon 20minutes, l’énergie produite alimente l’équivalent de 4.500 foyers dans le Médoc
L’approvisionnement s’élève à 45.500 tonnes par an : résidus de cultures végétales (62 %), effluents d’élevage (20 %), déchets agro-industriels (14 %) et résidus de cultures maraîchères (4 %). L’énergie produite sera injectée dans le réseau EDF (Enedis, ex-ERDF) et pourra alimenter l’équivalent de 4.500 foyers dans le Médoc.