L'Éducation nationale assure que tous les élèves auront un professeur par classe. Tous ne seront pas titulaires : 648 enseignants contractuels ont été recrutés dans l'académie de Poitiers. Pour une vingtaine d'entre eux, ce sera leur tout premier poste d'enseignant.
L'an dernier, les enseignants contractuels représentaient 4 à 5 % de l'ensemble du corps enseignant. Certaines académies peinent à trouver certains postes. C'est le cas de l'académie de Poitiers qui assure, malgré tout, avoir pour chaque élève un professeur pour chaque matière.
"Pour ne pas quitter ce monde-là, on est obligé d'être contractuel"
Pour ces enseignants contractuels, la rentrée scolaire approche à grands pas. Des formations de plusieurs jours sont proposées à ces futurs professeurs afin de peaufiner la rentrée au début du mois de septembre. Au programme aujourd'hui, la laïcité à l'école. "C'est un sujet qui peut être délicat avec les élèves. Pour autant, les règles sont assez claires : en tant que professeur, on a la charte, on a le vadémécum (un manuel) qui donne des règles. Donc, à partir du moment où l'on comprend le principe et que l'on a les documents, ça va", explique Maëlle Desbleumortiers, professeure de Lettres modernes.
Au bout de quelques années, en tant qu'ingénieur, j'ai décidé de me lancer dans l'enseignement, car je souhaitais transmettre.
Nicolas GhersallahProfesseur contractuel
Ils ne sont pas encore titulaires des concours de l'enseignement et viennent d'horizons très différents. C'est le cas de Maëlle qui "souhaite être professeure de français en collège" après avoir échoué aux concours de professeur des écoles. "Mon objectif reste l'enseignement, j'ai cette vocation pour le moment. Je tenais à faire professeur en contractuel." Nicolas Ghersallah était ingénieur d'affaires en électricité et va enseigner les mathématiques et la physique-chimie. "Cela faisait un moment que je voulais faire de la formation ou de l'enseignement. Au bout de quelques années en tant qu'ingénieur, j'ai décidé de me lancer dans l'enseignement, car je souhaitais transmettre. Je souhaite, plus tard, passer les concours."
Aurélie Marolo termine juste ses études. Elle n'a pas eu son Capes de professeur de sport. En attendant de le repasser, elle a choisi cette voie. "On m'a proposé une formation pour aider à mieux avancer sur la rentrée. Je souhaite instruire les élèves, les voir évoluer tout au long de l'année. Je tente en tant que contractuel : pour ne pas quitter ce monde-là, on est obligé d'être contractuel. On s'inscrit sur une plateforme, et on est appelé ou on ne l'est pas. Je suis pressé de voir mes élèves."
648 professeurs contractuels pour la rentrée 2024 dans l'académie de Poitiers
Pour ces futurs enseignants, c'est une formation express. Ce sont cinq jours intenses, mais essentiels. "Les sujets qu'ils abordent sont extrêmement vastes. La plupart des cas, c'est la première fois qu'ils vont prendre en charge des classes : on peut évoquer l'autorité face à un groupe d'élèves, comment choisir les savoirs, transmettre un savoir scientifique vers un savoir pédagogique ou didactique, comment travailler avec une direction comment s'insérer dans les équipes", indique Anne Boucker, inspectrice d'histoire-géographie.
Sur les 12 000 professeurs du second degré de l'académie de Poitiers, 648 sont contractuels, dont 28 nouveaux. Selon certains syndicats, cette semaine de formation est bien trop courte et trop proche de la rentrée scolaire. "Sur le fond, on est bien persuadé que les collègues qui assurent ces formations font de leur mieux. Mais, cinq jours, c'est de toute évidence pas suffisant pour un enseignant qui va avoir une classe en responsabilité. Les enseignants contractuels, ils sont tous seuls en classe. C'est une très grosse responsabilité", indique Muriel Coret, co-responsable formation des enseignants au syndicat SNESUP-FSU.
Les nouveaux contractuels bénéficient d'une formation que leur est dédiée, et qui sera suivie par un tuteur, ou un accompagnateur.
Bénédicte RobertRectrice de l'académie de Poitiers
L'académie de Poitiers assure avoir organisé la rentrée scolaire avec la garantie d'avoir un professeur dans chaque classe. Bénédicte Robert, rectrice de l'académie de Poitiers, explique que "les nouveaux contractuels bénéficient d'une formation que leur est dédiée, et qui sera suivie par un tuteur, ou un accompagnateur. C'est important d'avoir un père expérimenté, auprès de qui l'on peut demander conseil. Cinq jours, c'est déjà bien : ils évoquent des questions transversales comme la laïcité, la gestion de classe, des formations disciplinaires." À noter que ces cinq jours seront suivis de trois années d'accompagnement de formation.
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