24 prévenus accusés de proxénétisme et traite d'êtres humains comparaissent devant le tribunal correctionnel de Lyon. Pour la "tête" du réseau, 10 ans de prison requis plus une interdiction définitive du territoire français. 17 Nigérianes à Nîmes, Montpellier et Lyon ont porté plainte.
La tête du réseau identifiée
C'est un pasteur et une "mama" qui sont considérés comme les têtes d'un réseau de proxénétisme d'origine nigériane en activité à Lyon, Montpellier et Nîmes entre 2016 et 2017. Pour eux, la procureure Virginie Brelurut a requis 10 ans de prison mais également une peine de sûreté des deux-tiers et une interdiction définitive du territoire français. Une deuxième femme, Jessica Edosomwan, en fuite, encourt quant à elle une peine de 8 ans.
Un vaste réseau de traite d'êtres humains
Depuis le 6 novembre, 24 prévenus - 10 femmes et 14 hommes originaires du Nigéria (à l'exception d'un Français ) comparaissent devant le tribunal correctionnel de Lyon. Dix-sept femmes venues du même pays ont porté plainte contre eux.
La plupart des prévenus sont poursuivis pour aide au séjour irrégulier, proxénétisme aggravé, traite d'êtres humains, association de malfaiteurs et blanchiment d'argent en bande organisée.
Le "périple sordide de jeunes femmes soumises à une contrainte morale absolue"
C'est en ces termes que la procureure a évoqué le dossier. D'après l'enquête, le pasteur Stanley Omoregie avait "une parfaite connaissance" des conditions de prostitution d'au moins seize femmes, contrairement à sa thèse d'une entraide, a estimé le parquet. Quant à la "mama" Helen Okpoto, elle est décrite en "proxénète d'ampleur", qui a "géré vingt-trois victimes".
4 à 8 ans de prison requis pour 16 autres membres
Des peines plus légères, mais assorties elles-aussi d'une interdiction du territoire national sont requises contre seize autres membres du réseau présumé, impliqués dans la surveillance ou le transfert des jeunes femmes recrutées. La procureure a demandé des mandats de dépôt pour huit des dix prévenus qui comparaissent libres.
Les chauffeurs et logisticiens du réseau présumé se sont vu réclamer des peines de trois à quatre ans de prison."Ce dossier d'esclavagisme sexuel, d'exploitation sordide à grande échelle, mérite des peines exemplaires", a justifié Virginie Brelurut, pour qui il faut lutter contre "la banalisation de ce type d'activité".
"D'autres façons de penser..."
Du côté de la défense, Sébastien Sertelon a débuté les plaidoiries en estimant que "nous ne sommes pas ici pour faire un exemple. Ce dossier est celui de conditions de migrations et d'autres façons de penser". Ce qui sous-entendrait que la prostitution n'est pas moralement répréhensible au Nigéria.... Des plaidoiries qui doivent se poursuivre ce jeudi.