Le peintre qui magnifie le noir et vit à Sète, vient de faire une donation au futur musée de Rodez. Musée qui ouvrira en 2014 et sera entièrement dédié à Pierre Soulages.
Pierre Soulages estime que le musée qui lui est dédié à Rodez sera un "ensemble exceptionnel" des oeuvres de la première moitié de sa vie d'artiste, mais il se refuse à en faire "un mausolée" exclusif de ses peintures, exposées dans des dizaines de musées du monde entier.
Le musée, qui ouvrira ses portes au printemps 2014, exposera les deux donations faites par le "maître du noir" à sa ville natale en 2005 et en décembre 2012.
Soulages, qui fêtera ses 93 ans le 24 décembre, a d'abord fait don de 500 oeuvres, des peintures couvrant principalement la période de 1946 à 1978, ses cartons pour les vitraux de l'abbatiale de Conques toute proche, et ses lithographies. Il vient d'y ajouter 14 peintures, 13 de sa période de jeunesse et un grand panneau plus récent, un "outrenoir" de 1986, jouant sur la réflexion de la lumière sur différentes surfaces noires.
Si Rodez (Aveyron) sera "pour une part" un passage obligé pour connaître toute son oeuvre, l'artiste se plaît à répéter que "ce n'est pas le mausolée Soulages". Pour lui, le musée ne doit pas être l'unique dépositaire de ses tableaux et doit être ouvert à d'autres artistes.
Mondialement connu, le peintre est attaché à la diffusion internationale de ses peintures. "J'ai des oeuvres dispersées dans le monde en Asie, en Amérique, en Australie, en Europe, je dois être le seul peintre vivant exposé au musée de l'Ermitage
de Saint-Petersbourg", remarque-t-il.
Le centre Pompidou et Montpellier
La réalisation du musée de Rodez ne lui fait pas davantage oublier "le Centre Pompidou, le musée de Montpellier, qui ont beaucoup compté
pour moi et qui exposent beaucoup de mes oeuvres récentes". Montpellier est avec Rodez le seul musée auquel il a fait une donation.
L'artiste n'a "pas de projet de troisième donation" à Rodez, pour élargir le fond à ses oeuvres les plus récentes, telles celles actuellement exposées à Lyon sur le thème "Soulages au XXIè siècle".
"Je suis prêt à montrer des oeuvres récentes à Rodez", souligne-t-il toutefois, rappelant qu'il a insisté pour que le futur musée dispose d'une partie destinée aux expositions temporaires. "On peut très bien imaginer une exposition temporaire comme celle de Lyon, à Toulouse,
à Montpellier ou à Rodez", ajoute l'artiste.
Conques
Enfant de l'Aveyron, Soulages assume ses racines mais se veut libre. "J'appartiens à cet endroit parce que c'est là que tous mes goûts se sont formés, mais j'ai quitté Rodez à 18 ans, ce sont les vitraux de Conques qui m'y ont ramené (de 1986 à 1994)", déclare-t-il.
L'homme de haute stature, à peine voûté par l'âge, se défend de tout sentimentaliseme quant au choix de sa ville natale pour réaliser ce musée à sa gloire. "C'est Rodez qui m'a choisi", dit-il: "On est parti des 104 cartons des vitraux et de proche en proche, on est arrivé à me demander des peintures de jeunesse".
Le maître du noir
C'est pour parler de son travail et de sa prédilection pour le noir que l'artiste garde sa flamme. "Dès ma première exposition en 1947, les toiles étaient sombres avec une dominante de noir: quand j'étais enfant je trempais mon pinceau dans l'encrier plus facilement que dans les couleurs, le noir m'a toujours accompagné".
Pour Soulages "c'est une couleur puissante, efficace: mettez le noir à coté d'une couleur sombre, elle paraît moins sombre !"