La corrida goyesque de la feria d'Arles a tenu toutes ses promesses, qui a vu dans une ambiance festive la renaissance du Juli, qui gracie un excellent toro de Domingo Hernàndez, et le triomphe de Juan Bautista, l'enfant du pays, qui coupe quatre oreilles...
Les corridas goyesques, c'est un peu comme les sommets du G20. Quand ce n'est pas parfaitement réussi, ça tourne rapidement au ridicule. Mais celle de cet après-midi à Arles restera dans l'histoire de cette arène.
L'encierro de Domingo Hernàndez lidié sous un ciel de plomb et quelques belles averses, a enchanté les spectateurs qui remplissaient l'arène d'Arles, dont le centre de la piste - jusqu'aux lignes des picadors - était entièrement recouverte de pétales de roses rouges, décoration audacieuse et réussie de l'architecte marseillais Rudy Ricciotti.
Au sortir du tunnel, juste avant le paseo, lorsque les toreros ont découvert le spectacle, le visage du Juli s'est transformé, l'espace d'un instant. On aurait dit celui d'un enfant très heureux de découvrir un jouet magnifique...
Est-ce à ce moment-là qu'a cédé en lui toute la tension accumulée depuis ce jour d'avril où, à Séville, un toro a manqué de lui ôter la vie ? Depuis, le Juli traînait une violence dans ses gestes, une brusquerie qui transformaient toutes ses faenas en exercices techniques forcées. Cet après-midi, devant un toro de beaucoup de présence, il a ajouté à son répertoire de domination quelques éclairs de douceur, de profondeur : un poignet qui s'ouvre, mais dans la caresse, un bras qui revient aux genoux, mais sans casser l'envol, doucement, lentement, comme pour accompagner le vol d'un oiseau qui se pose.
Il a gracié ce toro à qui il a servi un répertoire incroyablement varié, le tout dans une harmonie esthétique qui a transporté le public.
Juan Bautista, qui passait juste après lui, a eu le très grand mérite de relever le défi. Il a signé une très belle faena à son premier adversaire, très engagée, intelligente et juste. Mais il est toujours difficile de passer après un tel triomphe. Le bon public d'Arles ne s'y est pas trompé, qui a réclamé pour lui les deux oreilles, comme au sixième, un magnifique toro qui répétait avec classe.
Enrique Ponce, mal servi par le tirage au sort - un premier toro qui s'éteint très vite, et un second intoréable, est reparti bredouille.
JMM
6 toros de Domingo Hernàndez
Le second, Veronés, n° 20, 520 kg, est rentré vivant aux corales, gracié par le Juli.
Enrique Ponce, silence et silence
Julian Lopez El Juli, deux oreilles et la queue symboliques, et saluts aux tiers
Juan Bautista, deux oreilles et deux oreilles
plein, gris et pluie.