Séville : six silences assourdissants

Le mano a mano entre les deux jeunes toreros Antonio Nazaré et Saül Jimenez Fortes n'a tenu aucune de ses promesses. A cause des toros. Mais pas que.

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Séville, première corrida de la feria de San Miguel
Sept toros de José Luis Pereda (le premier changé après la pique), de 498 à 559 kilos. Lot peu homogène. Les toros allaient vaillamment à la pique, mais ensuite ne donnaient que très peu de jeu. Pour :
Antonio Nazaré, vert et or, silence, silence et silence
Saül Jimenez Fortes, bleu marine et or, un avis et silence, silence, silence
Demi arène. Trois gouttes au premier, quatre au quatrième, juste pour faire bruisser doucement les K Way, puis averse soutenue à partir du cinquième.
Le banderillero José Maria Soler a salué au quatrième.

 

Jeudi soir, sur la scène du théâtre Central de Séville, la chanteuse de flamenco de Jerez, La Macanita, toute en cheveux, terminait une magnifique session en répétant : « el viento es el enemigo, l’ennemi, c’est le vent… ». Elle aurait pu ajouter : et les toros qui ne mettent pas la tête, et les toreros qui ne mettent pas la jambe.

Dans les salons de l’hôtel La Rabida, les deux jeunes toreros Antonio Nazaré et Saül Jimenez Fortes rivalisaient avant-hier de platitudes et de lieux communs. « Séville est une arène merveilleuse, c’est une chance d’y toréer devant un public aussi extraordinaire, je me sens bien en ce moment, et j’espère pouvoir triompher ». Miss France sur les bords du Guadalquivir.

Le problème, c'est que cet après-midi, devant des toros indigents de José Luis Pereda, ils ont refait la même chose. Platitudes et ronds de jambe. Une seule chose résume cet ennui : les quites, qu’ils se sont sentis obligés de prendre, chacun à leur tour au toro de l’autre. Six quites. Une avalanche de tissu, de virevoltes, de feintes, pour ne rien dire du tout. 
Comme les cinq Porta Gayola auxquelles nous avons assistées !... En tauromachie, la répétition ne garantit rien...

On espère que le sévillan Antonio Nazaré a bien profité du sable de la Maestranza : c’est pas sûr qu’il le refoule de sitôt. Jamais dans le tempo ni dans le sitio, accumulant les erreurs de placements, il a laissé l’impression désastreuse d’un novillero dépassé.

Quant au jeune torero de Malaga Saül Jimenez Fortes, qui a donné quelques gestes de belle facture, quelques séries engagées, tirant le meilleur de ses pauvres adversaires, il n’a pas compris qu’à Séville, on ne s’attarde pas devant un toro qui n’en vaut pas la peine. Sinon, le public vous prend immédiatement en grippe. Mon voisin sévillan résuma ça d’un lapidaire : « C’est bon, on t’a vu, on a vu le toro, maintenant, fous lui un coup d’épée, bon Dieu !... »

Ce soir, les deux jeunes gens sont remontés dans leur camionnette en maugréant : « Les toros n’ont pas servi ». Mais eux non plus !...

Dans la calle Adriano, juste derrière les arènes, un nouveau bar taurin s’est ouvert. Il s’appelle le Baratillo. C’est un beau bar, avec un beau plafond et la ringuette traditionnelle de têtes de toros empaillées. La carte, très fournie, est dans la tradition de ce genre d’endroit. Les aubergines frites (la tapa, à 2 euros 50, est très copieuse) sont délicieuses. Mais le cuisinier m’a nappé ça d’une de ces sauces sucrées marron toutes faites, avec quoi l’on dessine parfois sur le bord des assiettes. Décidément, comme disait l’Amiral Nelson en se cognant le pied en montant à bord le matin de la bataille de Trafalgar, c'est pas mon jour !... »

Jean-Michel Mariou


 

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