Bonne humeur, musique flamenca de qualité (le banderillero Paco Peña est un bon chanteur) et décor somptueux: le festival "Noche y toros " de Beaucaire célébré samedi soir a tenu ses promesses. Et en plus, il y a eu des moments de bonne tauromachie !
Il a fait doux dans la nuit de samedi au pied du château de Beaucaire. Les novillos de Marca ont fait ce qu'on attendait d'eux: ils ont chargé sans se poser de questions dans les capes et les muletas.
Le banderillero Paco Peña qui est aussi un fameux chanteur flamenco était spécialement inspiré: il a su adapter son cante au style et au rythme de chacun.
Les toreros ont été à la hauteur: Litri, pas très bien servi, et Julio Aparicio, un peu essoufflé, ont rappelé des beaux souvenirs et coupé deux oreilles chacun.
El Tato a brindé son novillo à ses deux gamines. Brillamment appuyé par une sevillana entonnée pleins poumons par Paco Peña et sa troupe, il a coupé les deux oreilles et la queue après avoir proprement toréé à gauche.
Román Pérez, l'organisateur de ces impeccables festivités a, lui aussi, coupé une queue: il a "touché" le meilleur novillo et l'a toréé avec goût.
Le grand moment de cette nuit est arrivé au quatrième. Javier Conde, magnifiquement vêtu, toréait au rythme du flamenco de Paco Peña en ne négligeant aucune des poses et des mimiques qui caractérisent son personnage. Le cante de Paco disait: il y en a qui toréent mieux que toi, mais personne ne ressembe plus à un gitan. On ne peut pas dire le contraire.
Soudain, Estrella Morente, l'épouse de Conde, qui assistait au festival depuis les gradins s'est dressée. Paco Peña s'est tu. Estrella s'est mise à improviser un chant qui disait: quand le Conde torée, il y a de la magie et aussi la tauromachie, c'est comme l'amour, tout est question de "temple".
Le public (pas assez nombreux) a joué le jeu de bon cœur et s'est laissé charmer par ce moment théâtral et plein d'émotion.