Les toreros "vétérans" en redemandent. Pour quitter l'oubli, améliorer un temps soit peu le quotidien d'une crise qui se prolonge, tenter un énième "come back" ou tout simplement vivre et revivre cette peur qui leur manque autant qu'elle les tiraille. Torero jusqu'au dernier souffle...
David Castro González, né le 5 juin 1969 à Valladolid, a choisi le surnom de "Luguillano" en hommage à la Vierge de Luguillas du village de Mojados au sud de la province.
C’est durant la feria de sa ville qu’il prend l’alternative, la 13 mai 1990, des mains de Roberto Domínguez et Ortega Cano, toros de Los Guateles.
La carrière de Luguillano, gitan par sa mère, connaît trop d’aléas pour être considérée comme un chemin de pétales de roses. A la cape, il envoûte, ses muletazos par le bas demeurent inoubliables mais l’épée s’enraye trop souvent pour lui fournir une régularité de figura. Clémente, son père, lui aussi matador, vaut mieux que le détour. Il vend des fruits de mer et les brade dix minutes avant le paseo de ses premières novilladas sans picadors. Fallait s’habiller…
Chaque fois que son fils est en piste, Clémente souffre d’une demi-douzaine d’infarctus dans le callejon. Il s’en remet. Un jour, ils viennent toréer à Mont-de-Marsan, une corrida flamenca, sauf erreur. Du côté de Dax, en passant sous un pont, une femme désespérée se jette dans le vide. Elle atterrit et meurt sur le capot du break Volvo. A la gendarmerie du coin, ils se souviennent de la déposition de Clémente qui se signe six cent fois par minute, y voit d’obscurs présages, un boulet de la vie qu’il «désexorcise» en venant seul à l’enterrement, les bras chargés de fleurs.
Hier, samedi 31 janvier 2014, froid sibérien, «Luguillano», en compagnie du rejoneador Roberto Armendariz (silence et une oreille) et de Morenito de Aranda (silence et une oreille), est sorti en triomphe après avoir coupé les deux oreilles du cinquième toro de Pereda.
Où donc ?
En plaza d’Aljavir, 647 m d’altitude, 4203 habitants en 2012, 26 km à l’est de Madrid.
Aljavir vient de l’arabe « fahsal-bi’ir », la plaine fertile du puits.
zoc.