De ses boutons, des reliques

il avait des yeux de nénuphar clair, l'élégance des triomphes et celle des fiascos. Parti vivre à Mexico en 1964, il y mourut le 1er janvier 1984. Là-bas il était une idole à qui on arrachait les boutons pour en faire des reliques. En Europe, on le dépouillait aussi mais pour d'autres raisons...

Joaquin Rodriguez Ortega « Cagancho », né à Triana (Séville), le 17 février 1903, mort à Mexico, le 1er Janvier 1984. Son surnom viendrait d’un petit oiseau andalou ou du surnom de son père gitan qui vendait dans la rue des chemises tenues par un crochet. A vérifier même si les témoins se font rares.
Artiste jusqu’au fond du regard, velouté capeador, il estoquait au ralenti « comme endormi sur le toro » disaient ses fans. Fantasque il l’était plus souvent qu’à son heure, d’où l’expression qu’emploient encore quelques vieux taurins : « Quedar como Cagancho en Almagro », avoir l’air de Cagancho à Almagro (Ciudad Real). Le 26 Août 1927, il y défile avec Antonio Marquez et « Rayito », bétail de Perez Tabernero. Un bide majeur à son premier toro.

Il saute vingt fois dans le callejon avant de bombarder un coup d’épée dans le cou du toro, un autre dans une patte avant. Juan Ayso, lieutenant de la Garde Civile dispose ses hommes dans la contre-piste et interdit à Cagancho de sauter de nouveau. Neuf pinchazos et cinq descabellos achèvent la séance. Nettement « mieux » à son toro suivant : Cagancho lui dépoussière deux fois les oreilles avec la muleta puis débute une mise à mort de bandes dessinées. Vingt fois en piste, le reste depuis la barrière, le voilà à trucider et ses péons qui arrivent par derrière, des épées planquées sous les capes... Le public envahit le ruedo. Cagancho se refugie au milieu, l’estoc à la main : « Celui qui s’approche, je ne vais pas le louper… » menace le maestro. Le toro moribond distribue des roustes aux spectateurs descendus, la police montée s’en mêle, huit gardes à pied lui servent d’escorte jusqu’à la mairie que les poursuivants tentent d’incendier au cri de : « Rendez-le nous ! ». Bref, « Quedar como Cagancho en Almagro ».
En 1928, Joaquin Rodriguez « Cagancho » écope d’une cornada à la poitrine. On sait des histoires de soldats sauvés d’une balle grâce à une médaille. C’est celle de Notre-Dame de Riansores, offerte par la municipalité de Tarancon, un soir de sortie sur les épaules qui lui vaudra de conserver la vie. Il est devenu le torero miraculé. Au Mexique, il est un Dieu, on s’arrache ses boutons de veste à défaut de la médaille. Il tourne dans des films avec starlettes et danseuses de flamenco, on lui prête mille et une conquêtes.

Alors, il est des jours comme aujourd’hui où l’on aurait adoré vivre à la Belle Epoque et devenir son meilleur ami…

zoc


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