Ils s’entendaient comme larrons en foire. Bondissait l’un, surgissait l’autre: Manuel Díaz « El Cordobés » et son homme si dévoué, Antonio Pérez « El Pere », disparu il y a dix ans. Un festival-hommage lui sera rendu dans sa ville d'Ecija. Sans son maestro pourtant…

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On le voyait souvent en fin de faena s’avancer à pas de loup. C’était réglé comme du papier à musique. Antonio Pérez « El Pere », le peón sévillan de Manuel Díaz « El Cordobés », jouait l’homme invisible, il zigzaguait sur le sable et le public se demandait ce que ce type pouvait bien faire en piste. A genoux, Manuel finissait ses « sauts de grenouille », jetait muleta et épée, offrait son dos au toro. La foule hurlait d’effroi -ou pas- et le voyant à la merci du fauve, « El Pere » bondissait pour sauver la mise de son maestro. D’un geste, celui-ci le renvoyait à la barrière. L’air penaud, Antonio faisant semblant d’acquiescer …
Personne n’était dupe mais on adorait tous. A Cali (Colombie), le sketch fut si bien exécuté que nos voisines, mère et fille, eurent besoin d’une sérieuse rasade de rhum pour retrouver leurs esprits.
Le 16 Avril 2004, Antonio Pérez, au volant de la BMW de son maestro, fait route vers Madrid pour récupérer des habits de lumières, des capes et des muletas chez le tailleur Fermín. Au km 409 (il pleut des cordes) la voiture glisse dans un ravin. Au bout de trois jours, son épouse demande au juge de localiser par GPS, le téléphone portable de son mari. Retrouvé en état de coma, « El Pere » décèdera deux semaines plus tard à l’hôpital Reina Sofia de Cordoue, victime de lésions irréversibles aux poumons et au cerveau. Seize mille personnes suivirent sa dépouille.
Un festival taurin à sa mémoire, comprenant le cavalier Manuel Manzanares, les matadors Jésulín de Ubrique, Javier Conde, Curro Díaz, Torres Jerez, Miguel Ángel Delgado et le novillero Angel Jiménez, aura lieu le samedi 29 mars prochain à Ecija.
C’était vraiment un chic type. Un de plus parti trop tôt, comme Paco de Lucía, la guitare de nos rêves.

zoc

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