Le marathon est souvent présenté comme LA course à faire. Un objectif que se fixent souvent les coureurs pour leurs premières compétition. Comme une des journalistes de France 3 Midi-Pyrénées,qui a enfilé un maillot , chaussé des machins adaptés et est partie... pour son premier marathon.Témoignage.

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Qu'est-ce qui pousse une coureuse occasionnelle à se lancer dans un tel défi ? Le besoin de se dépasser, d'aller au delà des limites que son corps peut accepter? C'est en regardant les marathoniens arriver à la dernière édition du Marathon de Toulouse Métropole que l'idée à commencé à me trotter dans la tête. Après tout, pourquoi pas moi ?

Il m'aura fallu 2 mois et demi d'entraînement et d'organisation pour me retrouver ce dimanche matin sur la ligne de départ. D'une heure par semaine, je me suis retrouvée à courir 3, 4 fois par semaine, jusqu'à 2 heures 30 pour les sorties longues. C'est finalement la plus dure étape à passer. Ne pas lâcher, ne pas manquer une séance et surtout, ne pas se blesser. Au fur et à mesure que l'échéance approche, on sent l'impatience et l'appréhension monter. Est-ce que j'en suis capable? La réponse arrive bientôt.

Dimanche 26 septembre, 6h45
Je me lève assez tôt pour pouvoir digérer le petit déjeuner. Du pain d'épices, du jus d'orange, quelques fruits secs, il me faut accumuler les calories. Grâce au sommeil gagné avec le changement d'heure, je me sens plutôt en forme et tellement impatiente. Dans le métro, je retrouve mes futurs camarades de course. Je repère grâce au bracelet distribué la performance visée. 3h, 3h45. Moi, j'ai opté pour le 4h, même si je me suis préparée sur une base de 4h30, je préfère mettre la barre haute.

8h30
C'est une fourmilière. Nous nous précipitons tous vers le point de  départ sur le pont Pierre de Coubertin. J'ai le coeur qui palpite en voyant le porche de départ à l'horizon. Ça y'est, nous y sommes. C'est le jour J, en quelques heures, ce sont des heures d'entraînement qui vont devoir payer. Est-ce que ça a suffi ? Ai-je été assez réaliste ? En suis-je vraiment capable ? Allez, le doute revient juste avant le coup d'envoi. Mais au milieu de tous ces coureurs tous motivés, je reprends sur moi. Un petit échauffement rapide et je pars chercher ma place. Derrière le meneur d'allure des 4 heures. C'est un coureur qui porte un drapeau pour nous donner un repère, une vitesse moyenne. Je ne compte pas le suivre très longtemps mais c'est mon objectif après tout...

8h45, Kilomètre 0
Le départ claque. Une marée humaine s'élance en coeur. Quelle sensation, on se laisse porter par la vague, on piétine un peu au départ mais après quelques minutes les écarts commencent à se faire et on arrive à courir un peu plus à l'aise. Je contrôle ma vitesse à la montre...c'est bien trop rapide ! Il ne faut pas que je me laisse porter par l'enthousiasme du début...J'ai plus de 42 kilomètres à tenir ! J'essaie de ralentir et de me mettre tranquillement au rythme que je me suis fixée, quitte à laisser passer quelques coureurs devant moi. Déjà au bord de la piste, les supporters sont là....Je reconnais une amie venue spécialement pour le départ. Au premier kilomètre, j'entends un coureur blaguer : "c'est bon, plus que 41 !"

Kilomètre 5
Déjà, le premier ravitaillement. De l'eau, des oranges. Je ne m'arrête pas, je vais attendre un petit peu. Le temps s'annonce radieux et Toulouse en cette heure matinale est juste magnifique à contempler. Un régal pour les yeux. Au passage sur le Pont Neuf, je me dis que j'ai bien choisi la ville pour ce premier défi.

Kilomètre 10
Cette fois je ne loupe pas le ravitaillement. Je ne me sens pas en manque de sucre ni d'eau mais il me faut anticiper et bien hydrater mon corps. C'est en tout cas les conseils que j'ai entendu partout ailleurs. Je tiens toujours ma vitesse, je me sens bien, c'est environ la distance que je fais lors des "petits" entraînements. Tout le monde autour de moi a aussi l'air décontracté, ça blague dans les rangs et en bord de route. Moi aussi j'ai le sourire, même si devant moi j'ai perdu de vue le drapeau des 4 heures...

Kilomètre 15
Nous remontons au Nord de la ville vers Aucamville. Etant donné que je cours seule, je pensais m'ennuyer pendant tout ces kilomètres, je n'ai même pas d'écouteurs...Mais les organisateurs ont pensé à tout. Éparpillés tout au long du parcours, de nombreux groupes de musique ponctuent le parcours. Du rock, de la samba, c'est à chaque fois un style différent. Et puis, il y a le public, et quel public. Sur chaque dossard est noté notre prénom. Du coup, à notre passage, les gens nous crient un encouragement personnalisé ! On se prendrait presque pour des stars.

Kilomètre 21
Voilà, le demi, c'est fait. Je me sens plutôt bien, une légère douleur a fait son apparition dans une cuisse mais elle est vite repartie. On sent dans les rangs un soulagement d'avoir passé la moitié du parcours. Reste plus que la moitié. Oui, mais la moitié la plus dure....Je regarde ma montre 2 heures et quelques secondes. Et dire que les tout premiers ne vont pas tarder à arriver !

Kilomètre 26
Je n'hésite plus à m'arrêter aux ravitaillements. Eau, sucre, et quelques gels énergisants que j'ai pris avec moi. Je me sens plutôt bien en jambe, je tente d'accélérer légèrement, histoire de retrouver ce fameux drapeau bleu des 4 heures. A côté de moi, un coureur s'arrête brutalement, en se tenant la jambe. Un claquage. Malheureusement, il est obligé de s'arrêter.
De mon côté, je garde en vue un groupe de coureur un peu devant moi, qui va plus ou moins à mon rythme. Ça m'aide à garder une vitesse constante.

Kilomètre 30
Enfin, le trentième ! Celui que j'appréhendais tant. Celui où arrive la fameuse "barre", ce soudain manque d'énergie qui te bloque les jambes et t'empêche d'aller plus loin sauf avec une détermination de fou. Je ne ressens pas de douleur particulière, ni de fatigue, j'en profite pour reprendre du sucre et de l'eau au ravitaillement, on se sait jamais, ça peut venir après.

Kilomètre 35
Nous retrouvons Toulouse. Les rues sont pleines à craquer. Il fait beau. le public s'est déplacé pour encourager les coureurs. Je garde ma vitesse, mais la fatigue se fait sentir dans les rangs. Beaucoup de coureurs s'arrêtent en bord de route pour s'étirer. Certains marchent. D'autres ont sur leurs visages des grimaces qui en disent long sur leur état. Je dois pas être belle à voir non plus. Mes jambes et mon dos commencent à me faire mal, mais je me rapproche, je me rapproche !

Kilomètre 40
Les kilomètres défilent tellement lentement.J'ai l'impression que j'avance comme une tortue. Mes jambes se sont transformées en plomb, je grimace à mon tour et j'ai l'impression de faire le tour de Toulouse sans jamais voir cette fameuse place du Capitole. Heureusement les encouragements me font tenir. Mon prénom retentit, avec le fameux "tu es arrivée, tu y es, tu as pas le droit de lâcher !" Je commence à prendre conscience qu'en effet, j'y suis presque. Que je vais le faire ! C'est fou ! Ca me donne un nouveau coup de booste, même si mes jambes ne suivent plus je fonce.

Soudain, je reconnais la voix de mes amis venus me soutenir. Ils le feront jusqu'au bout. Grâce à eux et grâce à ce public merveilleux je me sens pousser des ailes. Et puis, sur une ligne droite, j'aperçois au loin le fameux drapeau bleu...Oui, le drapeau bleu des 4 heures, là-bas, à l'horizon...

Kilomètre 42,195
Les Carmes, et là-bas, je le sais le Capitole. Le sourire me vient au visage, beaucoup d'émotion, presqu'une envie de pleurer quand je reconnais la dernière ligne droite qui me sépare de l'arrivée.... J'ai tellement mal aux jambes, tellement envie d'en finir... Je vais le faire. Je me laisse porter par les encouragements de la foule qui me porte pour une dernière accélération vers la ligne d'arrivée. Le Capitole est plein à craquer...
J'aperçois le compteur défiler en chiffres rouges. "4h03"
C'est fait. Je l'ai fait !

Après...
Au moment où mes jambes arrêtent leur mécanique automatique, la douleur survient violente. Je récupère des ravitaillements, de l'eau des fruits, des barres de céréales, tout y passe. Mes jambes me font tellement mal que je ne peux rester debout. Je m'assois sans savoir si je pourrais me relever. Et là, je savoure. Je ne peux effacer le sourire de mon visage, et prendre enfin conscience, de ce que je viens de réaliser. Mon premier marathon....

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