Si l'on en croit la rumeur qui galope d'écran en écran, l'absence des principales figures de la prochaine feria de Séville n'est qu'un coup monté. L'auteur du complot? Un groupe Mexicain. Le but de la manœuvre? Prendre le contrôle des arènes de Séville. Les dindons de la farce? Les aficionados.
Plus les toreros s'entourent d'attachés de presse, moins on comprend ce qu'ils disent. Plus les impresarii taurins s'expriment à grands coups de conférence de presse et de communiqués en tout genre, plus le brouillard s'épaissit autour de leur "stratégie". Plus le silence est épais autour des négociations, plus vite court la rumeur.
Rien ne va plus à Séville. Et ce matin, les journalistes et chroniqueurs taurins semblent d'accord pour désigner un coupable. D'André Viard à José Antonioo del Moral, chacun répète que toute cette affaire de veto de la Maestranza n'est qu'un épisode dans la guerre que le groupe mexicain Balleres a décidé de mener dans le but de prendre le contrôle des arènes de Séville, avant - pourquoi pas - d'installer son monopole sur la planète taurine tout entière (à l'exception, évidemment, des arènes sans rentabilité).
On relève ici ou là, dans cette condamnation unanime et dénuée de toute preuve matérielle, quelques accents xénophobes qui font honte. Et aussi des attaques insidieuses contre la personnalité de Morante qui ne font pas honneur à leur auteur.
Mais les faits sont là. Une année encore, la prestigieuse feria de Séville sera organisée sans quatre des plus grandes figures du moment. On est obligé de constater que la tauromachie se passerait aisément de cet épisode.
Voici, choisie parmi 10 autres, l'analyse publiée ce matin dans El País par le journaliste taurin Antonio Lorca.
Petit rappel. Les arènes de Séville sont la propriété d'une compagnie de "maestrantes" qui a confié la gestion taurine au Groupe Pagés. Ce groupe Pagés est dirigé par deux beaux-frères, MM. Canorea et Valencia que les principales figures, l'an dernier, avaient accusé de manquer de respect à leur endroit.
Pas un mot ne filtre des négociations entre les impresarios et les représentants des toreros, mais la rumeur court. Il y aurait un profond désaccord économique entre l'organisateur et les vedettes. Et sans doute même une stratégie visant à affaiblir le lien qui unit les imprésarii et la Real Maestranza, propriétaire des arènes. N'oublions pas que Morante et Talavante ont comme apoderado la société du potentat mexicain Alberto Bailleres, lequel Bailleres a débarqué tout récemment en Espagne à la tête de la FIT (Fusion Internationale de la Tauromachie). La FIT contrôle 22 arènes au Mexique, en France et en Espagne. Depuis l'an dernier, on soupçonne l'entreprise mexicaine d'être derrière le veto des 5 vedettes, dans le but d'aggraver un éventuel conflit entre le groupe Pagès et les propriétaires des arènes, le but étant en fin de compte de diriger la Maestranza.