Totalement polarisée autour de la venue de José Tomás ce vendredi, la feria d'Algeciras connaît des débuts chaotiques. La première corrida, mercredi 27, a déçu : pas de toros dignes de ce nom. La seconde a été "sauvée" par le maestro Juli qui lui n'a manifestement pas besoin de toro pour toréer.
Les nombreux aficionados français que la "réapparition" de José Tomás ont attiré à Algeciras découvrent une ville qui concentre bien des questions qui secouent nos sociétés.
Le gigantesque port spécialisé dans les containers est sur le point de passer aux mains d'un consortium chinois et le mot mondialisation est sur toutes les lèvres. Les relations avec le rocher de Gibraltar, tout proche, seront probablement affectées par le Brexit et l'Europe de Bruxelles est dans toutes les conversations. Ici, on voit les côtes du Maroc sans jumelles et la crise migratoire est un bon sujet de débat entre le granizado et les frutas del tiempo dans les populeuses guinguettes de la plage du Rinconcillo.
Quant au trafic de drogue, il semble ici chose tellement banale que, dans le quotidien local, l'arrestation de 6 bandits ayant dérobé 1650 kilos de haschich à une bande rivale, occupe 3 fois moins d'espace que le compte rendu de la corrida.
Dieu sait pourtant qu'il ne s'est pas passé grand chose ce jeudi dans les arènes! Plus lamentables encore que les six toros du "défi ganadero" de la veillle, les Zalduendo choisis pour cette corrida de prestige ont ruiné tous les espoirs. En outre, le vent soufflait fort et Morante était visiblement dans un jour sans.
Mais le public, plein de bonne volonté, a tout de même réussi à applaudir et à demander (et obtenir) les oreilles. Avec le toro le moins minable, El Juli, infatigable, a réussi quelques enchaînements bien huilés. Cela suffit manifestement au bonheur du plus grand nombre.