Dans son rapport 2020 sur l'état du mal-logement en Occitanie, la fondation Abbé Pierre s'est intéressée à de nouveaux territoires en tension. Loin des grandes villes, certaines zones plus rurales sont aussi touchées par la pénurie d'habitat comme la Haute-Vallée de l'Aude et la Vallée de l'Hérault.
D'une année à l'autre, le constat semble être le même et les chiffres ne varient pas.
En Occitanie, en 2018, le taux de pauvreté était supérieur à la moyenne en France. La part de logements sociaux dans l'habitat est à la traine. Il y a près de 4 fois plus de demandes locatives que d'offres de logements, enfin le prix médian d'achat d'un logement au m2, même s'il est inférieur à la moyenne nationale, reste élevé d'autant que le taux de chômage est 4 à 5 points au dessus du taux français.
La Haute-Vallée de l'Aude et la Vallée de l'Hérault conjuguent les handicaps
Dans ces 2 bassins de vie, la tension sur le marché de l'immobilier est très importante.Les Communautés de Communes du Limouxin (siège : Limoux) et des Pyrénées Audoises (siège : Quillan), qui couvrent le Pays de la Haute-Vallée de l’Aude comptent, en tout, 42 500 habitants répartis sur 140 communes. On y enregistre 363 demandes de HLM en 2018 pour 97 attributions.
La Communauté de Communes de la Vallée de l’Hérault (siège : Gignac) compte 28 communes et 38 000 habitants. Ici, c'est pire, à cause de la proximité de Montpellier, 489 dossiers de demandes de logements sociaux pour 49 attributions.
On y construit moins qu'ailleurs, l'habitat est plus ancien et pas assez rénové. De plus, les occupants, propriétaires ou locataires sont souvent des populations fragiles dans des zones où le taux de chômage dépasse les 20%.
En conclusion, le rapport explique que si la volonté politique est réelle d'oeuvrer contre le mal-logement, la progression de la pauvreté et la crise du logement réclament encore plus d'efforts.
Et il donne des pistes pour agir :
- Donner de l’ampleur à certaines initiatives locales qui devront dépasser le stade de l’expérimentation
- Mieux relayer certains dispositifs nationaux tels que «MaPrimeRénov», «NPNRU», «Cœur de ville»
- Repositionner des acteurs autour des EPCI (Départements, Régions…)
- Former et outiller les élus sur ces sujets
- Soutenir les associations qui sont force de propositions sur ces territoires en leur donnant de véritables moyens, en leur permettant de continuer à «aller vers» et d’accompagner les ménages les plus démunis
- Rappeler l’ État à ses obligations pour toutes les actions qui nécessitent encore une intervention forte de sa part : l’hébergement d’urgence, la résorption des bidonvilles la question des aires d’accueil des gens du voyage, la mise en œuvre du «Logement d’abord», l’accompagnement à la production de logements accessibles…
Montpellier et l'Hérault, un habitat ancien et des loyers élevés
Dans l’Hérault, le taux de pauvreté s’élève à 19% tandis que le parc social correspond à seulement 11% des résidences principales. Selon l’ADIL 34, près de 88% des personnes résidant dans le parc privé héraultais peuvent prétendre à un logement social. Sur la Métropole de Montpellier, le taux de pauvreté est identique à celui du département. Mais celui-ci s’aggrave en centre urbain avec 26% de pauvreté dans la commune de Montpellier pour un parc de logement social de 15% sur la métropole.Depuis 1982, la croissance démographique de l’Hérault est en hausse constante... environ 1.000 habitants nouveaux chaque mois. Le parc privé, sur ce territoire, est constitué à 60% de logements en copropriété qui ont été construits avant 1975 et 44% avant 1948. L’ADIL 34 estime que près de 40% des logements du parc locatif montpelliérain sont des «passoires énergétiques».