Il y a 10 ans, Bugarach (Aude) était au centre de toutes les attentions. Le petit village était annoncé comme le seul endroit devant survivre à l'apocalypse promise par le calendrier maya le 21 décembre 2012. Aujourd'hui, les habitants espèrent retrouver le calme malgré la venue de nombreux visiteurs en quête de frissons.
Il est toujours là, intact... La fin du monde passée, le Pech de Bugarach (Aude) reste le même que sur les cartes postales imprimées il y a dix ans et conservées en mairie. Pourtant le 21 décembre 2012, le petit village de 200 âmes préparait la fin du monde.
A l'origine de l'apocalypse supposée il y a dix ans, le calendrier maya. La rumeur avait enflé, reprise dans les médias et sur les réseaux sociaux. Bugarach était annoncé à l'époque par des mouvements ésotériques comme le seul endroit devant échapper à la fin du monde.
Ca a toujours eu lieu, bien avant ce phénomène et ça continue aussi. Des gens arrivent ici avec certaines idées, par exemple l'organise Solaris, ce sont des survivalistes. Les réseaux sociaux ont fait que ça a pris une ampleur qui nous a dépassés.
Jean-Pierre Delord, Maire (DVG) de Bugarach
Et pour cause, le 21 décembre 2012, plus de 300 journalistes sont réunis à Bugarach. Un périmètre de sécurité avait été installé par les forces de l'ordre afin d'éviter un mouvement de foule.
"On en garde un souvenir un peu flou, suspendu, où personne ne savait trop pourquoi il était présent, ni ce qu'on attendait", se souvient Romain Lescurieux, à l'époque étudiant en journalisme. Il est le co-auteur de l'ouvrage "La montagne inversée" (éditions Marchialy), qui raconte cet emballement. "En l'espace de deux mois et demi, Bugarach s'est retrouvé au New York Times !" sourit le jeune homme.
Le battage de novembre 2010 à décembre 2012 correspondait au début des réseaux sociaux. Dans les médias, le web n'est pas encore une priorité, c'est le début des chaînes d'infos en continu, Twitter n'est pas encore ce qu'on connaît aujourd'hui. Tout le monde tâtonnait, jouait un peu avec les réseaux sociaux. Soudainement sont apparues les notions de viralité et d'emballement, ou comment une rumeur devient une information qui peut faire le tour de la planète très très rapidement. Et en 2010, on en avait un peu moins conscience.
Romain Lescurieux, co-auteur de "La montagne inversée" (éditions Marchialy)
Depuis dix ans, de nouveaux habitants se sont installés à Bugarach. Certains sont venus de loin, d'autres sont en quête d'ailleurs, d'étrange. "Il n'y a pas eu vraiment de fin du monde, c'est pas ça qui est en jeu, c'est la fin d'un monde. Nous allons vers autre chose, nous allons dans un mur à tout point de vue aujourd'hui que ce soit politique, social, économique ou climatique. On est dans un gros changement", explique Philippe, habitant de Bugarach.
On a l'impression qu'aujourd'hui on écouterait plus les mayas que le GIEC, mais pourquoi pas, si ça permet une prise de conscience !
Romain Lescurieux, co-auteur de "La montagne inversée" (éditions Marchialy)
Bugarach fait désormais partie du parc naturel régional Corbières-Fenouillèdes. Un environnement sur lequel les habitants comptent pour attirer d'autres visiteurs que les pèlerins de l'irrationnel, toujours présents.