Dix anciens commandants du 3e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine de Carcassonne viennent d'écrire au ministre de la Défense pour le presser d'épargner ce régiment prestigieux de 1.200 hommes, en cas de dissolutions d'unités, liées aux économies budgétaires.
10 anciens chefs de corps mobilisés pour sauver le 3e RPIMaCes dix anciens chefs de corps à la retraite ont successivement dirigé, entre 1976 et 2008, le régiment créé par le général Bigeard il y a 70 ans.
Dans leur lettre ouverte, dont l'AFP a eu connaissance, ils font état d'informations sur "une disparition du 3e RPIMa à plus ou moins court terme" et demandent au ministre de "bien vouloir réétudier ce choix, même si l'on nous assure que rien n'est encore figé".
Du côté de la 11e brigade parachutiste, dont dépend ce régiment, comme le 8e RPIMa de Castres dans le Tarn, on qualifie de "rumeur" l'éventuelle disparition du 3e RPIMa tout en reconnaissant "l'ampleur de cette rumeur dans les réseaux sociaux et la presse locale".
Le projet de loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit 24.000 nouvelles suppressions de postes en plus des 54.000 déjà décidées en 2009 par la majorité précédente (dont 10.000 encore à réaliser).
Les axes de la réorganisation devraient être connus dans les prochaines semaines, mais les annonces de dissolutions pourraient n'être faites qu'en 2014 après les municipales de mars.
Les signataires rappellent les états de service "prestigieux" du régiment en soulignant que 477 des 30.000 hommes qui en ont porté l'uniforme "sont morts pour la France, depuis 70 ans, en Asie, en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient, mais aussi en Europe".
Ils soulignent que le "Trois" fut le seul régiment de la division parachutiste demeuré légaliste à l'heure du putsch d'Alger d'avril 1961.
Selon eux, le "Trois" est "un régiment d'infanterie dont l'armée de terre manque déjà cruellement, pour répondre aux défis des engagements futurs". "Un régiment à la fois +low cost+ et à haute valeur ajoutée".
Ils invoquent le poids économique du régiment à Carcassonne et dans l'Aude, "durement touchés par la crise et qui vivront très mal la suppression de 1.200 emplois directs et de plus de 3.000 emplois indirects."
Ils évoquent aussi les "esprits mal intentionnés" qui exploiteraient une dissolution "comme un solde de tout compte après le décès, "entouré de polémiques", du général Bigeard en 2010, et après "la dramatique affaire" du 29 juin 2008.
Ce jour-là, lors d'une opération portes ouvertes, une démonstration avait fait 16 blessés graves parmi les spectateurs en raison de négligences qui avaient permis le mélange de balles réelles avec des balles à blanc.
"En écrivant cette lettre, nous rejoignons l'avis de ces nombreux Français soucieux de maintenir un outil de défense capable d'assumer les ambitions de la France", concluent les signataires de la lettre.
Le maire PS de Carcassonne parle de "rumeur irrationnelle" et dément la possible fermeture du 3e RPIMa
Le député-maire de Carcassonne, Jean-Claude Perez (PS), a dit à l'AFP être "furieux que ce quarteron de généraux en retraite propage une rumeur irrationnelle", ajoutant avoir "l'assurance que le "Trois" ne va pas disparaître, ni avant ni après" les municipales de mars 2014.
Les 10 anciens chefs de corps du 3e RPIMa de Carcassonne signataires
Les généraux :Jean Salvan (chef de corps de 1976 à 1978),
Olivier LeBlanc (1980/1982),
Daniel Roudeillac (1982/1984),
Michel Billot (1984/1986),
Serge Ménard (1986/1988),
Michel Stouff (1988/1990),
Henri Poncet (1992/1994),
Patrick Marengo (1994/1996),
Didier Legrand (1998/2000),
le colonel Frédéric Merveilleux du Vignaux (2006/2008).