La situation n’est pas à l’apaisement pour les agriculteurs d’Occitanie. La semaine s'est ouverte avec une mobilisation lundi 25 novembre 2024 dans l’Aude et une action à Montpellier. De nouvelles manifestations sont prévues d'ici dimanche de Perpignan à Nîmes.
L’accord de libre-échange Mercosur a mis le feu aux poudres, et depuis la colère des agriculteurs continue de se manifester partout en France. En Occitanie, la situation est tout aussi tendue. Un premier rassemblement s’est tenu à Couiza et à Limoux (Aude) le lundi 25 novembre 2024.
Sous l’impulsion du syndicat des éleveurs de l’Aude (Selpa), une trentaine de tracteurs se sont rassemblés pour une opération escargot en direction de Carcassonne. Là encore c’est l’accord avec les pays d’Amérique du Sud qui pose tout particulièrement problème : “Tout à coup on se retrouve avec une concurrence complètement directe sur la production de viande française. Une production faite avec des normes qui ne sont pas du tout les mêmes que les nôtres, des pratiques d’élevages qui sont complètement interdites en France”, s’insurge Thimoléon Resneau, président de la SELPA.
Des mobilisations tout au long de la semaine
L’opération escargot de lundi n’est pas la seule manifestation prévue par les agriculteurs d’Occitanie cette semaine. Les Jeunes agriculteurs de l'Hérault ont aussi organisé une opération coup de poing à Montpellier le lundi 25 novembre. Une dizaine de personnes se sont rassemblées devant la Dreal (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) et ont utilisé des parpaings pour s'emmurer devant l'administration. Ils demandent la simplification de la gestion des agriculteurs et pour cela la suppression de certains organismes de contrôle.
Dès mardi 26 novembre, les Jeunes agriculteurs et la FDSEA des Pyrénées-Orientales organisent un “cortège funèbre”. Au programme, un point de rassemblement devant la Chambre d’agriculture de Perpignan. Ils prendront ensuite le chemin de la préfecture, où les agriculteurs ont prévu de rendre tous les panneaux déboulonnés dans les jours précédents. Le cortège ira ensuite déverser des bennes de végétaux devant différentes administrations de la ville. La préfecture appelle les automobilistes "à limiter/reporter leurs déplacements entre 9h et 19h."
“On est à la fois touchés par les problèmes conjoncturels, une période compliquée pour la viticulture, pour l’élevage et d’autres problèmes liés à la sécheresse”, explique Bruno Vila, président de la FDSEA des Pyrénées-Orientales. Une situation intenable qui les pousse une nouvelle fois à se réunir : “On a été patient jusqu’à maintenant, notre patience a des limites. Le fait de n’avoir aucune réponse ce n’est pas sérieux”, clame-t-il.
On comprend que la situation n’est pas évidente, mais si on n'a pas des mesures spécifiques on ne va pas s’en sortir.
Bruno Vila, pésident de la FDSEA des Pyrénées-Orientales
Dans le Gard, le son de cloche est similaire et là aussi les agriculteurs comptent faire entendre leur voix. Un rendez-vous a été donné mercredi matin, là encore devant la chambre de l’Agriculture de Nîmes dès 6h du matin. “Une centrale d’achat et les administrations seront visées” confirme Rémi Angelras, président des Jeunes Agriculteurs du Gard.
Le jeune homme s’inquiète fortement de l’avenir de son métier : “On veut une vision à long terme de notre métier, on nous met des bâtons dans les roues et on importe ce qu'on ne peut pas produire” témoigne-t-il. Avant d’ajouter : “Il faut que ça marche sinon bon nombre d’entre nous vont mettre la clef sous la porte en 2025, les signaux sont alarmants pour nous pour la suite. On est dans l’urgence, on ne peut plus attendre. C'est comme l'année dernière, mais en pire”.
Un point d’orgue pour le week-end
Le samedi 30 novembre le syndicat des vignerons de l’Aude appelle à une mobilisation généralisée à Carcassonne : “On attend des milliers de personnes” détaille Frédéric Rouannet, président de ce syndicat. La question de la viticulture est tout aussi centrale dans la région, et selon lui la situation est particulièrement difficile.
Cette année, c’était la plus petite récolte du siècle, et le prix du vin n’est pas monté d’un millimètre.
Frédéric Rouannet, président du syndicat des vignerons de l'Aude
Plusieurs autres syndicats devraient se joindre à la mobilisation de samedi, notamment la FDSEA des Pyrénées-Orientales et les Jeunes agriculteurs du Gard. Si cette manifestation ne fonctionne pas, les vignerons ne s’interdisent pas, une escalade de tension et un déplacement sur Montpellier ou Toulouse.
Écrit avec Paul Jorge et Chloé Fabre.