Le comité d'entreprise du glacier Pilpa à Carcassonne demande à la mairie de "préempter" le terrain et les murs de l'usine que la direction projette de vendre au groupe local Comelec "qui n'a rien à voir avec l'agro-alimentaire", a indiqué lundi le secrétaire du CE.
"Nous sommes scandalisés par ce projet, car si la direction de Pilpa devient locataire, il lui sera plus facile de se débarrasser du site, on aura moins de moyens de pression pour empêcher l'arrêt de la production ou monter une coopérative", a déclaré Christophe Barbier (CGT).
La direction de Pilpa (groupe britannique R&R) a décidé en juillet dernier de fermer l'établissement qui employait 123 salariés en invoquant des "surcapacités" de production en France et la nécessité de réduire les coûts pour "sauvegarder" sa "compétitivité".
Mais les syndicats ont obtenu en justice l'annulation du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) le 17 janvier. La direction a ensuite annoncé un plan de production jusqu'au 30 juin puis le projet de vente du terrain et du bâtiment à Comelec, qui font craindre au CE un nouveau PSE.
Mardi, les "Pilpa" étaient dans le cortège de la manifestation syndicale contre la réforme du marché de l'emploi, à Carcassonne.
Comelec emploie 210 salariés dans les énergies, le terrassement et la location de véhicules. "Il s'était positionné pour une reprise, mais n'aurait apporté qu'une dizaine d'emplois dans du stockage, alors que nous voulons garder notre activité sur le site", a indiqué M. Barbier.
Le projet de cession des quelque 20.000 m2 de bâtiments et du terrain du site fera l'objet jeudi d'une réunion du CE auquel la direction doit demander de "rendre un avis consultatif motivé".
"On sera là", a indiqué M. Barbier, en refusant de préciser si les élus accepteraient de se prononcer, préalable légal à l'opération.
"Il ne faut pas que la vente se fasse, nous demandons à la mairie de faire valoir son droit de préemption", a ajouté le secrétaire du CE, dont une délégation doit rencontrer le maire Jean-Claude Perez (PS) lundi soir.
Le syndicat ne veut pas que "le préfet cautionne le projet de la direction après avoir dit qu'il aiderait les salariés".
Le préfet de l'Aude devait rencontrer les syndicats et les élus lundi, mais a annoncé le report au 8 mars de la réunion pour examiner la "nouvelle situation", puisque la direction de Pilpa avait "des projets avec une autre entreprise pour le maintien de ce site industriel".