Un dispositif de justice restaurative va voir le jour dans l'Aude en 2025. Sa mise en place vient d'être présentée à Narbonne.
Qui n'a pas entendu parler du film "Je verrai toujours vos visages" ? Cet incontournable, sorti en 2023, a mis un coup de projecteur sur la justice restaurative et son intérêt pour les victimes comme pour les auteurs d'infractions.
À Narbonne, une convention vient d'être signée pour l'année 2025 afin de mettre en place un dispositif de justice restaurative dans l'Aude. La signature de la convention était suivie d'un temps d'échange pour expliquer le fonctionnement de la justice restaurative.
La justice restaurative : qu'est-ce que c'est ?
La première expérimentation de justice restaurative a eu lieu en 2010. Puis son développement en France s’est accéléré avec la loi du 15 août 2014 et grâce à la circulaire du 15 mars 2017 régissant sa mise en œuvre.
L'objectif, c'est de permettre à des personnes victimes et auteurs d'infraction de dialoguer entre elles, dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels ou des bénévoles.
La justice restaurative repose sur le volontariat et doit permettre, en supplément de la peine prononcée par les tribunaux, d'apaiser et de se reconstruire.
Un lieu d'échanges et de libération
Lors de la présentation du dispositif à la médiathèque de Narbonne, Antonio a pu témoigner de son expérience. Condamné par le passé il est reconnaissant de tout ce que le processus a pu lui apporter.
Pouvoir se regarder dans un miroir, appréhender que l'on est pas seul au monde, que les actes et les comportements que l'on a ont des incidences sur autrui.
Antonio - condamné
"J'ai eu beaucoup de satisfaction à pouvoir échanger avec des personnes à statuts divers, moi-même étant auteur d'agression, d'autres étant des victimes, l'humanité de toutes les personnes présentes est ressortie et nous a progressivement rapprochés et unis", confie Antonio.
Il y a un retour vers l'individu, vers ce qu'il est. La simple libération de la parole a été un atout extraordinaire pour moi.
Antonio - condamné
Compléter la décision pénale
La réponse pénale nécessaire laisse parfois aux victimes un goût d'inachevé. Alors, dans certaines situations, la justice restauratrice peut aider à apporter des réponses, à tenter de comprendre le passage à l'acte.
"La réponse judiciaire est là pour sanctionner l'auteur des faits et c'est bien, il le faut, mais la justice restaurative elle, elle restaure", confie Sylviane.
Elle est là pour restaurer quelque chose, pour restaurer du lien, pour restaurer une parole qui ne peut pas y avoir le jour du procès parce que le jour du procès nous les victimes ce n’est pas notre procès, on est des pièces rapportées.
Sylviane - victime
"Je pense que la justice restaurative peut permettre de donner le temps de poser les questions et le temps d'obtenir les réponses", reconnaît Xavier Baisle, le président du tribunal judiciaire de Narbonne.
Retisser un fil
"Tous ces gens qui participent, auteurs comme victimes, ils ne sont pas au même niveau de leur reconstruction, au début ou à la fin. Et quand ils y vont, ils y vont souvent avec des objectifs différents alors ce qu'on trouve d'essentiel, c'est qu'à la fin a minima ils nous disent qu'ils ont ressenti de l'apaisement", explique Cyril Curie, conseiller pénitentiaire d'insertion et probation SPIP de Montpellier.
La justice restaurative complète la décision pénale. Pour les condamnés qui participent, la prise de conscience de leur acte permet de prévenir la récidive.