En France, il existe un fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme. Il leur permet de se faire rembourser leurs frais médicaux, y compris pour les personnes blessées à l’étranger. Pourtant, une Audoise peine à se faire reconnaitre comme victime des attentats de Barcelone en 2017.
Josette Géronimo, se reposait dans sa maison située dans la ville d’Alcanar en Espagne, le soir du 16 août 2017, lorsqu’une énorme détonation retentit dans toute la ville.
Le 16 août 2017 il était 23h45 j’étais allongé sur mon fauteuil et tout d’un coup j’entends un gros bruit, un très gros bruit. J’ai même cru que c’était une bombe. Par la fenêtre, une flamme rentre dans ma maison. Bien après j’ai su que c’était un bidon d’acétone de 500 litres qui était tombé dans la piscine et avec les bouteilles de gaz ça a fait comme un geyser.
En fait à proximité de sa maison se trouve la base arrière d'une cellule terroriste de daesh qui a explosée. Les djihadistes préparaient les attentats de Barcelone et Cambrils, mais se sont accidentellement fait sauter avec leurs engins, juste à côté de la maison de Josette, brisant sa vie.
Perte d’indépendance
Josette est projetée au sol par la violence de l'explosion : elle est brûlée aux jambes et aux poumons, avec deux côtes cassées. Le souffle a même déplacé son pacemaker. La septuagénaire va passer un mois à l'hôpital. Aujourd'hui, elle a besoin d'une machine pour respirer :
Cela fait deux ans que je suis sous oxygène. J’ai les doigts qui ne répondent plus, il y a pleins de choses que je ne peux plus faire toute seule, comme m’habiller j’ai beaucoup de mal. C’est difficile pour moi de me débrouiller toute seule. Je prends aussi un traitement antibiotique quatre fois par semaine. Je ne suis plus du tout la même, avant je voyageais maintenant je ne peux plus.
Victime d’un accident et pas d’un attentat ?
Lorsqu'elle rentre en France, Josette se constitue partie civile dans l'enquête ouverte de ce côté des Pyrénées. Pendant deux ans, son statut de victime est ainsi reconnu. Mais à l'automne dernier, la sécurité sociale l'informe qu'elle ne peut plus bénéficier de la prise en charge de ses soins. Elle ne fait pas partie de la liste officielle des victimes. Pour la justice française, elle a subi un accident et mais pas un attentat :
Nous avons le fonds de garantie qui nous dit "écoutez, nous on ne vous prend pas en charge mais vous pouvez toujours vous retourner vers les autorités espagnoles pour obtenir l'indémnisation de vos préjudices. Aujourd'hui c'est inimaginable qu'on ne puisse pas la reconnaitre en tant que victime.
- Me Bruno Blanquer, avocat de Josette Géronimo
Et le combat de Josette et son avocat n'est pas que financier, l'un et l'autre en font aussi une question de principe.
Le reportage d'Alexandre Grellier et Frédéric Guibal