Près de 200 manifestants se sont rassemblés en début d'après-midi devant le tribunal de Narbonne alors que s'ouvre le procès d'un militant du Front National pour "dénonciation calomnieuse" contre un professeur d'histoire.
Le procès a débuté à 14 heures au palais de justice de Narbonne. A l'appel des syndicats CGT et FSU, un rassemblement s'est constitué dès 13h30 en soutien à Xavier Verdejo, partie civile dans cette affaire. Le professeur d'histoire du lycée Diderot a porté plainte pour "dénonciation calomnieuse" contre un jeune militant Front National.L'affaire remonte à mai 2011 quand Loïc Bouzat, alors secrétaire FN de la jeunesse de l'Aude, avait écrit au proviseur d'un lycée de Narbonne pour dénoncer des propos d'un professeur d'histoire qu'il jugeait "diffamants et insultants à l'égard du Front National", en mettant en cause "l'obligation de neutralité" de l'enseignant, selon le courrier.
Le professeur, Xavier Verdejo, a dit à l'AFP avoir "parlé dans le programme de terminale" du poujadisme, de l'élection de Jean-Marie Le Pen comme député, de la création et de la montée du Front national jusqu'au "choc du 21 avril" 2002 qui avait vu l'accession de l'ancien président frontiste au second tour de la présidentielle.
Ce responsable de la CGT, qui se présente comme un historien de la classe ouvrière, avait aussi rappelé comment Jean-Marie Le Pen avait déclaré que "les chambres à gaz étaient un détail" de la Seconde guerre mondiale et indiqué que le fondateur du FN était "accusé d'avoir torturé en Algérie", a ajouté M. Verdejo, 61 ans, qui s'est constitué partie civile.
A la suite de la plainte de l'enseignant, le parquet s'est saisi du dossier et décidé de poursuivre pour "dénonciation calomnieuse" le militant FN, dont la compagne d'alors était dans la classe du professeur d'histoire.
L'avocat du Front, David Dassa-Le-Deist, qui défend M. Bouzat, a contesté "le côté surdimensionné que certains ont cherché à donner à ce dossier".
La lettre de M. Bouzat dénonce "amalgames" et "confusions" ainsi qu'une "propagande politique" de la part de l'enseignant, en contradiction avec l'"obligation de neutralité due à son métier".
Le jeune militant du FN, alors âgé de 20 ans, "a agi en toute bonne foi", a déclaré son avocat à l'AFP. "On peut lui reprocher peut-être d'avoir été un peu vite mais certainement pas avec l'intention de nuire et de toucher quelqu'un par l'infamie de la calomnie", a-t-il ajouté.
L'avocat parisien s'efforcera jeudi de démontrer que "l'infraction n'est pas caractérisée".
Le code pénal prévoit au maximum une peine de 5 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.