Procès de la "veuve noire" : 3 ans ferme requis contre l'accusée absente du tribunal de Narbonne

C'est une affaire inhabituelle qui a été jugée par le tribunal correctionnel de Narbonne, ce jeudi. Un procès pour abus de faiblesse à l'encontre d'une femme qualifiée de "veuve noire", après 2 suicides en 2005. Le procureur a requis 3 ans de prison contre elle et 2 ans contre son ex-mari.

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Une femme, aujourd'hui âgée de 54 ans, devait comparaître pour abus de faiblesse après le suicide de deux de ses anciens amants. Les faits remontent à 2005. Les suicides ont eu lieu à Sigean et Narbonne, dans l'Aude.
Les deux hommes avaient été dépouillés de tous leurs biens avant de mettre fin à leur jour... L'accusation avance qu'ils seraient tombés sous l'emprise de Yolande Moustrou et de son compagnon.

Mais à la barre, l'accusée n'était pas présente, excusée pour raisons de santé, le tout validé par un certificat médical et elle n'était pas représentée par un avocat. Déjà en novembre 2016, Yolande Moustrou avait demandé le report de son procès pour pouvoir être assisté d'un avocat.
Son ex-mari, complice présumé, lui avait fait le déplacement devant le tribunal. Il a été longuement questionné.

12 ans après les faits, le procès n'a pas fait avancer l'enquête, ni la vérité.

Le procureur de la République a requis 3 ans de prison ferme et 200.000 euros d'amende contre Yolande Moustrou, avec mandat d'arrêt. Pour son ex-compagnon, il demande 3 ans de prison dont 1 an avec sursis et 100.000 euros d'amende.

Les juges déliberaient encore à 20h30.

C'est une affaire inhabituelle qui a été jugée par le tribunal correctionnel de Narbonne, ce jeudi. Un procès pour abus de faiblesse à l'encontre d'une femme qualifiée de "veuve noire", après 2 suicides en 2005. Le procureur a requis 3 ans de prison contre elle et 2 ans contre son ex-mari. ©F3 LR


Un système "d'emprise" ausculté par la justice


Des appels téléphoniques "incessants", des "dons médiumniques", des virements de dizaines de milliers d'euros, "l'emprise" présumée d'une quinquagénaire et de son ex-mari sur plusieurs victimes a été auscultée jeudi par le tribunal correctionnel de Narbonne, en l'absence de la principale prévenue.
C'est une "longue instruction" dans un "dossier particulièrement lourd, dans la mesure où deux des victimes sont décédées", précise d'emblée la présidente du tribunal.

Le 19 juin 2005, Didier B., maçon, avait été retrouvé mort dans sa voiture, un pistolet à la main, à Sigean dans l'Aude. Cinq mois plus tard, l'un de ses employeurs, Jean-Pierre G., était découvert pendu dans un hangar à Narbonne.

Jeudi, le tribunal s'est penché sur les mois qui ont précédé ces suicides, dont les victimes entretenaient une relation avec la prévenue, Yolande Moustrou, poursuivie pour "abus de faiblesse" aux côtés de son ex-mari, Eric Bourceau.

Après leur rencontre avec la prévenue, les deux suicidés avaient changé de comportement, rappelle la présidente, Magali Issad, citant un attrait nouveau pour la religion, de "graves problèmes financiers", des tentatives de suicide.
"Il est passé d'un homme un peu macho, fort en gueule, à l'homme complètement apeuré. Il était méconnaissable", insiste à la barre la soeur de Didier B.
Quant à Mme Moustrou, elle se parait de "dons médiumniques très importants", disait être "en contact avec les morts" et insistait sur sa "santé précaire" auprès de ses amants. Elle est soupçonnée d'avoir, avec la complicité de son ex-mari, abusé de la faiblesse de ces hommes dans le but d'obtenir de l'argent, à hauteur de dizaines de milliers d'euros.

"Une histoire de fous"


"J'étais un peu sous son emprise psychologique", se justifie M. Bourceau à la barre, cherchant ses mots. "C'est vrai qu'elle avait l'ascendant sur moi".
En garde à vue, M. Bourceau avait déclaré être "le cerveau" et son ex-femme "l'outil" dans ces pratiques, interroge la présidente.

"Ce que j'ai dit, j'étais encore dans ce système, c'était pour la protéger", se défend-il. "Je ne cherche pas à me dédouaner de quoi que ce soit, mais [...] elle me retournait (...)comme un crêpe et je me retrouvais dans l'obligation de devoir le faire."
"Aujourd'hui, on ne se trompe pas, ce n'est pas vous la victime", souligne la présidente.

Sur la prévenue, "on sait très peu de choses", regrette la présidente, lisant l'expertise psychologique, où Mme Moustrou évoque une enfance douloureuse, des problèmes de santé, mais aussi la responsabilité de son ex-mari.
"Pour les familles, aujourd'hui les responsables, (du point de vue) moral en tout cas, c'est tant Mme Moustrou que M. Bourceau", a plaidé Me Elsa Laurens, avocate des parties civiles, évoquant la "cupidité" des prévenus.

"Il faut garder à l'esprit la perversité du système employé et les dommages sur les familles", déclare-t-elle, évoquant une "histoire de fous qui ne devrait arriver à personne."
"C'est un plan machiavélique qu'elle a mis en place, et c'est bien ce plan qui a conduit à la mort des victimes" a assené la procureure, Aude Molin, citant des "appels téléphoniques incessants" et une "culpabilisation" des victimes.

"Il ne faut pas se tromper de dossier", a au contraire mis en garde Me Philippe Calvet, avocat de M. Bourceau. "Vous n'êtes saisi que de l'abus de faiblesse" et non de la "provocation au suicide", insiste-t-il, décrivant son client comme un "pantin dont on tirait les ficelles".
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