Base-jump interdit depuis le viaduc de Millau : une pétition lancée par les amateurs de saut dans le vide

La pratique est très en vogue sur le viaduc de Millau. Les amateurs de saut dans le vide avec parachute s'exposent désormais à de sévères sanctions. Un arrêté préfectoral interdit le base-jump sur 3 viaducs d'Aveyron. Une pétition a été lancée.

Sauter du viaduc de Millau, dans l'Aveyron, c'est l'un des "must", une référence pour les pratiquants de base-jump. Les vidéos de leurs sauts cartonnent sur YouTube. Résultat : ils sont de plus en plus nombreux à vouloir vivre cette expérience.

"D'un saut par semaine à un tous les deux jours, on est passé à plusieurs sauts par jour en moyenne, confirme le directeur de la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau. C'est juste plus tenable", poursuit Emmanuel Cachot, qui estime que cette pratique met en danger le personnel autoroutier.

Cela fait longtemps que la société sollicite les services de l'État pour obtenir une interdiction. C'est chose faite depuis le 30 mai. La préfecture de l'Aveyron a pris un arrêté interdisant de manière explicite cette pratique de base-jump sur les ouvrages d'art routiers ou ferroviaires du département. Les récidivistes s'exposent désormais à une amende de 150 euros.

Pétition des base-jumpers

La réaction des amateurs de sensations fortes n'a pas tardé. Une pétition a été mise en ligne pour dénoncer cette interdiction, et tenter d'ouvrir le dialogue avec la société Eiffage. Trouver un accord est essentiel pour les fidèles du viaduc de Millau. Gillian Hamcy est l'un d'entre eux, il y a réalisé 200 sauts l'an passé.

Face à l'arrêté préfectoral, le base-jumper avoue sa surprise. "Cela fait 20 ans que l'on saute. Il y a des milliers de sauts qui sont faits depuis le viaduc de Millau et de Verrières. Ça se passe bien, il n'y a jamais eu de problèmes avec les automobilistes." Certes, il y a eu trois accidents graves, mais aucun décès de pratiquants.

Gillian Hamcy est surtout inquiet "de l'effet plus accidentogène" de cette interdiction de sauter. "Les viaducs, que ce soit celui de Millau ou de Verrières, ce sont vraiment des lieux incontournables dans l'apprentissage du base-jump." Cela peut paraître paradoxal, mais sauter d'un pont élevé est plus sécurisant pour les débutants, explique t-il.

L'avantage d'un pont c'est que, si à l'ouverture le parachute fait un demi-tour, vu qu'on saute entre les piliers, on ne va pas aller impacter l'objet dont on vient de sauter.

Gillian Hamcy, base-jumper

Avec cette interdiction de saut, deux craintes principales. Soit les pratiquants vont se retrouver trop tôt sur les falaises pour des sauts qui s'avèrent très techniques. Soit ils continueront de venir sur le viaduc de Millau, mais seront "moins concentrés sur leur saut par peur de la police.

Sécurité des agents autoroutiers

Au cœur de cet arrêté préfectoral et de l'interdiction de base-jump, il y a la question centrale de la sécurité. Celle des base-jumpers, mais aussi celle des automobilistes qui peuvent être surpris en voyant un véhicule s'arrêter et des personnes qui en descendent pour escalader les écrans brise-vent sur le viaduc. Et surtout, il y a la nécessité de protéger les patrouilleurs sur l'autoroute, souligne le directeur de la Compagnie Eiffage du viaduc de Millau.

Il y a eu 4 morts dans le monde autoroutier déjà cette année. On ne veut surtout pas que cela arrive sur le viaduc de Millau. Chaque saut engendre une intervention qui peut mettre en danger notre personnel, et ça on n'en veut pas.

Emmanuel Cachot, directeur de la Compagnie Eiffage viaduc de Millau

Pour le concessionnaire autoroutier, la situation est claire. Le viaduc est interdit aux piétons. Les automobilistes ont interdiction de s'y arrêter.  "Et donc il paraît normal qu'il soit interdit aux base-jumpers."

Ce vendredi 10 juin 2022, la pétition mise en ligne par les base-jumpers du viaduc de Millau enregistrait 2.073 signatures de soutien. 

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