Des résidents de l’Ehpad "La Rossignole" ont été photographiés et filmés par des soignants dans des postures dégradantes et humiliantes. Des images postées et commentées de manière méprisantes sur Messenger. 4 salariés ont été licenciés, une enquête est ouverte.
Les familles des résidents de l'unité d'Alzheimer de l'établissement spécialisé "La Rossignole" sont abasourdies. Certaines s’étonnent de ne pas avoir été informées plus tôt et devraient porter plainte dans les jours qui viennent. Des familles choquées par les faits, des personnes âgées vulnérables ont été filmées et photographiées dans des postures dégradantes et humiliantes. Des mises en scènes commentées et diffusées sur un compte privé interne au personnel, Messenger.
Une enquête interne dès le mois de juin
La direction a déposé plainte le 30 juillet dernier après avoir été alertée par un agent de l’établissement.La directrice de l'Ehpad, Frédérique Modolo, a mené seule une enquête interne et en a averti le président du conseil d'administration, André Vié. C'est elle qui a découvert la messagerie privée sur laquelle circulaient les photos et les vidéos.
Des images où les résidents de l’unité d’Alzheimer sont montrés dans des situations dégradantes, humiliantes. L’ensemble assorti de commentaires abjects et méprisants, "des images monstrueuses, indignes", témoigne la directrice. Les faits concernent 11 des 55 salariés que compte l’établissement.
La direction licencie alors 4 personnes et dépose deux plaintes contre deux salariés pour "maltraitance sur personnes vulnérables".
La directrice Frédérique Modolo qui a mené cette enquête interne a donné sa démission pour créer dit-elle "un électrochoc, il fallait que cette affaire soit dévoilée et que les salariés qui ont dénoncé ces actes soient enfin entendus. Je l'ai fait aussi pour pointer un dysfonctionnement de l'établissement dénoncé par les employés depuis des années déjà.
Malgré le soutien des familles et du personnel, la directrice a démissionné.
Ce soir Frédérique Modolo a tenu à nous joindre ce communiqué dans lequel elle explique comment se sont déroulés les faits :
Le 3 août 2020, les salariés directement concernés ont été mis à pied. Ils ont été reçus le 12 août dans le cadre d’un entretien disciplinaire et ont été licenciés le 21 août 2020. Le 3 août, j’ai adressé à monsieur le Président de l’Association un rapport détaillé de 9 pages. Le 4 août, j’ai déposé une plainte auprès du Commissariat de Rodez. Le 06 août 2020, j’ai effectué un signalement auprès des autorités compétentes (ARS et Conseil Départemental). J’ai par ailleurs, le 4 septembre, organisé une réunion avec les familles des unités protégées et ai personnellement informé les familles présentes des faits découverts.
communiqué de Frédérique Modolo
Des familles sous le choc
Les familles n'ont pas été informées tout de suite de cette situation. La direction a attendu un mois avant de les prévenir "pour le bien de l'enquête et pour ne pas perturber le travail des policiers "a confié André Vié à France 3 Occitanie.Les plaintes n'ont pas encore été enregistrées mais de nombreuses familles sont sur le point de le faire.
Démission en cascade et problème de gouvernance
Sur les 55 salariés, une vingtaine a donné sa démission. L'établissement est une résidence collective médicalisée créée en 2009 sous la forme juridique d'une association à but non lucratif. Il accueille 84 résidents dont 1/3 dans l'unité spécialisée d'Alzheimer. Cette unité où des résidents ont été maltraités par les soignants.La directrice a donné sa démission et depuis le mois de septembre Félicien Danglot de la socité "Consulting Santé et Médico" assure un management de transition et confirme un problème de gouvernance :
"La Rossignole souffre depuis de longs mois d’un déficit de management structurel", un problème de gouvernance que reconnaissent le président du conseil d’administration, André Vié et sa vice-présidente Christiane Viguié.
Un personnel épuisé qui fait tout pour éviter une éventuelle fermeture
A cette situation dramatique de maltraitance de résidents s'ajoute la peur pour les autres salariés d'une éventuelle fermeture de l'établissement. Le personnel est épuisé nous explique les membres de la CGT: " nous travaillons jusqu'à 12 heures par jour pour pallier ce manque de personnel, à cela s'ajoute la crise du covid, c'est lourd et épuisant".
Le personnel veut éviter les amalgames, les salariés ne veulent pas être confondus avec ceux qui ont mal traité les personnes âgées. "Il manque du personnel soignant, un ou une directrice, un médecin de coordiantion de santé, difficile de faire fonctionner la structure dans ces conditions".
Il y a deux ans déjà, le personnel s'était mis en grève pour protester contre le manque récurrent de personnel, dénonçant une mauvaise gestion de la structure.