Aveyron : pour lutter contre les contrefaçons, le "couteau de Laguiole" demande à être protégé

L'institut National de la Propriété Industrielle (INPI) a ouvert une enquête publique sur l'indication géographique "couteau de Laguiole" suite à la demande d'homologation du syndicat des fabricants aveyronnais du couteau de Laguiole. Dans quelques mois, l'INPI se prononcera sur cette demande.

La demande d'homologation des couteaux Laguiole concerne sept entreprises implantées dans le Nord-Aveyron. Cela représente 220 emplois au total pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros.

Comment fonctionne une demande d’homologation auprès de l’INPI ?

Il faut savoir que seul un collectif peut déposer une demande d’homologation c’est à dire que des artisans qui produisent le même type de produits, des concurrents donc, se mettent d’accord sur un cahier des charges commun. Cette phase peut prendre un certain temps… Il existe des filières très structurées, comme par exemple celle de la porcelaine de Limoges, où la procédure est plus rapide.

Une fois que les artisans concernés sont tombés d’accord sur ce qu’ils souhaitent protéger (la fabrication des pièces détachées, le façonnage du manche, les finitions du couteau, la zone géographique etc…), ils proposent ce cahier des charges commun à l’INPI. Ce dernier ouvre alors une enquête publique, c’est à dire que tout le monde peut donner son avis sur la question. Cette enquête dure toujours deux mois. 

À l’issue de cette période, l’INPI fait une synthèse des remarques partagées par le collectif et il peut alors y avoir des révisions du cahier des charges.

Enfin l’INPI instruit définitivement le dossier et statue sur le rejet de la demande ou la validation de l’homologation.

"Indication Géographique" (IG), le sésame tant convoité

Chacune des entreprises qui souhaitent être homologuée doit faire la demande de manière individuelle. Un organisme extérieur vérifie alors que l’ensemble du cahier des charges est respecté scrupuleusement. L’entreprise peut dès lors apposer le logo « Indication Géographique » sur ces produits.

Pour la petite histoire...

Le couteau de Laguiole est une institution en Aveyron. Il serait né en 1827, dans le village éponyme, situé sur le plateau de l’Aubrac en Nord Aveyron. Son invention est liée à l’activité d’élevage et à la production et à la consommation de spécialités fromagères.

Sa première version s’inspire de deux modèles existants : le capuchadou, couteau à manche rond des paysans du Nord Aveyron, et la navaja, couteau pliant des marchands catalans. Il faudra attendre 1850 pour que le couteau tel qu’on le connaît aujourd’hui soit fabriqué, avec son manche incurvé et avec sa lame Yatagan, terme désignant un sabre turc. S'ensuivent des années de gloire où le couteau se diffuse dans toute la France, notamment à Paris.

Les deux guerres mondiales viennent interrompre la production en privant le village de sa main d'œuvre. Sous l’impulsion de passionnés, l’activité coutelière signe son grand retour à Laguiole dans les années 80. Les couteliers relancent la tradition, en ajoutant une touche de modernité, notamment par le biais de collaborations avec des marques et designers français.

Ce célèbre couteau à cran se caractérise par son manche façonné en matériaux métalliques, naturels ou synthétiques. Autre originalité : l’abeille décorative devenue l’emblème du couteau. 

Actuellement au stade de l’ouverture de l’enquête publique, les artisans du monde de la coutellerie aveyronnaise seront fixés d'ici quelques mois sur l’état de leur demande d’homologation. Le 29 mars prochain, l'enquête publique sera close. Peut-être une issue réjouissante à la clé pour les fans du "couteau à l'abeille".

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