La Cour des comptes juge l'offre de soins inadaptée aux enjeux actuels. Elle recommande une évaluation "au cas par cas" des maternités réalisant moins de 1000 accouchements par an et remet sur la table la question de leur fermeture au profit de structures plus importantes. De quoi inquiéter professionnels et patients de la maternité de Millau (Aveyron).
C'est un rapport qui porte un coup aux petites maternités. La Cour des comptes s'est inquiétée dans un document des "résultats sanitaires médiocres" de la France concernant sa politique de périnatalité. Elle préconise une analyse "au cas par cas" des maternités de moins de 1000 accouchements par an, et pose, à nouveau, la question de leur fermeture, en faveur de plus grosses structures. À Millau, dans l'Aveyron, l'hypothèse inquiète professionnels de santé et patients.
Sensation de prise en charge à la chaîne
Julie est sage-femme à la maternité de Millau depuis neuf ans. Pour elle, travailler dans une petite structure n'est pas une contrainte, bien au contraire. Elle peut consacrer plus de temps à ses patientes. "On n'est pas obligé de prendre plusieurs patientes en charge en même temps, et ça je pense que c’est vraiment bien pour le confort de la patiente. J’ai travaillé dans d’autres centres où on faisait beaucoup d’accouchements, on tourne entre les salles et on est là essentiellement pour les examens médicaux et on a quand même moins de temps pour l’accompagnement", témoigne Julie Demay, sage-femme à Millau.
Lalie est l’une des patientes suivies dans le service depuis le début de sa grossesse. À 35 semaines de grossesse, la jeune femme ne se voit pas accoucher dans un plus grand hôpital. "Si on accouche dans une grosse maternité, il y aura une sensation d’être prise en charge à la chaine. Donc, je préfère garder cette tranquillité, comme ça pendant le travail ou l’accouchement, on n’est pas stressé", raconte Lalie.
Formation régulière
La maternité assure environ 300 accouchements par an. Et serait donc dans le viseur de la Cour des comptes, qui affirme que les petites structures, faute de moyens et de personnel, seraient moins armées pour assurer la sécurité des femmes et des bébés. Mais ici, on insiste : des équipes de Toulouse viennent régulièrement former les praticiens. "A Millau, les équipes sont formées deux à trois fois par an par le CHU. C’est-à-dire que les équipes se déplacent in-situ : On fait la réanimation néonatale, l’hémorragie de la délivrance. Certes, on fait moins d’actes, mais on se forme énormément", assure Geoffrey Vergnaud, coordinateur en maïeutique.
Aujourd'hui, l'établissement accueille des femmes de tout l'Aveyron, mais aussi parfois de Lozère. Fermer la maternité pose alors une autre question : combien d'heures de route faudra-t-il faire pour accoucher dans de bonnes conditions ?