Olivier Costes est un éleveur bovin en plein désarroi. Depuis 2021, il a perdu une centaine de bêtes. La faute, selon lui, à l'Escherichia coli, cette bactérie qui réside dans le tube digestif des humains ou des animaux et qui passe ensuite dans le sang. Les animaux auraient bu l'eau contaminée dans les bassins de son exploitation.
Durant le tournage avec notre équipe de France 3 Quercy-Rouergue, il ne cesse de caresser son taureau Néné. La bête a 8 ans. Est malade depuis 2022 après avoir bu de l'eau contaminée. L'éleveur, Olivier Costes, est totalement désemparé.
Une maladie qui touche principalement les taureaux
Olivier Costes est installé sur son exploitation de Maleville (Aveyron) depuis plusieurs décennies. Depuis 2021, il est impuissant face à la maladie qui touche son cheptel. "Voilà à quoi ressemblent mes animaux quand ils sont à l’état final. Ce taureau a été malade en 2022 en buvant de l'eau. Son père est mort de la même façon. Il est en train de se vider par diarrhée. Dans quelques jours, il sera mort. Tous les taureaux meurent comme ça. Six sont déjà morts. D’autres sont totalement infertiles. Ils se mettent à boiter, ne plus pouvoir ruminer. Néné faisait 1200-1300kg il y a 18 mois. Maintenant, il pèse 450kg".
Depuis 2021, Olivier déclare avoir perdu une centaine de bêtes. Il a tenté bien évidemment de comprendre et d'enrayer cette maladie. Les vétérinaires disent que c’est un facteur dû à l'Escherichia coli, une bactérie qui réside dans le tube digestif de l’être humain ou des animaux à sang chaud et qui passe ensuite dans le sang. Elle affecte les organes vitaux. Les bêtes sont prises de diarrhées, et aucun traitement n'a pu être efficace. "Chaque fois qu’un animal meurt chez moi, c'est comme si c’était un proche. Je les ai élevés, je vis avec eux." Aujourd'hui, cet éleveur a le sentiment d'être bien seul face à ce fléau.
L'eau des cours d'eau et des étangs contaminée
Sur son exploitation de 76 hectares, Olivier possède trois étangs dont deux seraient contaminés. Il a engagé près de 15.000€ pour faire des analyses auprès du laboratoire départemental Aveyron Labo.
Quand la température monte, l'eau stagne davantage et se charge en bactéries. L'un des bassins pour l’irrigation incriminés a été pollué et déverse sur toute l’exploitation. Les nappes souterraines vont bien plus loin. La crainte de l'éleveur : que la contamination se poursuive jusqu'à Villefranche-de-Rouergue, Saint-Rémy et bien plus loin. "C’est bourré d'Escherichia coli, de coliformes fécaux ou entérocoques dans des quantités que l'on ne peut pas compter. D’après les professionnels de l’eau, c’est dû à une pollution fécale. Des lisiers se sont infiltrés et sont allés dans l’eau. Ceci crée du phosphore à outrance et nourrit les bactéries toute l’année. Lorsque le clostridium s’installe, il tue net."
C'était le cas l’an dernier où les veaux étaient dans les pâturages. "Trois sont passés sous le fil. Dans la nuit, deux sont morts et le troisième a déclaré une pneumonie sévère."
L'éleveur a tenté d'alerter. Il a tapé à toutes les portes : le Groupement de défense sanitaire, l'Office français de la biodiversité, la police des eaux, les mairies concernées, la société de pêche... Il a même saisi la justice et porté plainte, mais le procureur n'a pas donné suite.
Selon lui, c'est l'omerta et les autorités ne veulent pas voir le problème. "Rien n’avance en France. Cette eau va tuer des humains. Pour tuer des taureaux, je vous garantis que ce sont des bêtes solides. Le laboratoire départemental de l’Aveyron m’a interdit d’arroser le jardin. L’eau polluée passe sur les légumes. On les mange et on mange l’Escherichia coli et on sait ce qu’elle fait sur l’humain."
Olivier ne sait pas s'il pourra continuer d'élever des bovins sur son exploitation. Ses avocats vont saisir le parquet général de Montpellier pour tenter de faire avancer la situation. Le dossier est suivi par les services de l'État, notamment la Direction départementale de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP). Une enquête préliminaire a été diligentée.
(Propos issus du reportage de Nathalie Rougeau et Clément Alet)