La fermeture définitive de l'usine Bosch de Rodez envisagée par la direction allemande du groupe

La fermeture de Bosch à Rodez, 1er employeur privé de l'Aveyron, serait étudiée par les dirigeants allemands du groupe. De source syndicale, le patron de Bosch en France n'en a pas exclu l'hypothèse devant le Comité Social et Economique de l'entreprise engagée dans une course à la diversification.

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Le déclin de l'industrie automobile, notamment de sa filière diesel, couplé à la crise sanitaire, va-t-il entraîner la fermeture définitive du site Bosch d'Onet-le-Château ? La perennité de cette usine, spécialisée dans la fabrication d'injecteurs diesel, premier employeur privé de l'Aveyron, qui emploie encore 1200 salariés, préoccupe au plus haut point les syndicats depuis qu'Heiko Carrie, le PDG France-Bénélux du groupe, a indiqué, selon eux, lors du Comité Social et Economique (CSE), la semaine dernière, que la fermeture du site de Rodez "n'était pas une hypothèse à exclure".

La fermeture définitive du site évoquée pour la première fois par la direction du groupe Bosch

"Nous sommes très inquiets de cette réflexion qui est menée au niveau de la direction allemande du groupe", indique David Martins, élu du syndicat Sud au CSE. "La direction de Bosch France s'est battue pour que ce ne soit pas le cas, mais c'est la première fois qu'est évoquée la fermeture définitive du site ruthénois", ajoute-t-il.  

"Ça commence toujours comme ça. Il faut préparer les esprits plutôt que de faire une annonce brutale", renchérit Pascal Raffanel, délégué de la CFE-CGC. "Cette information confirme celles que nous pouvions avoir par nos réseaux. A moins qu'il ne s'agisse d'une stratégie de communication pour mieux faire passer un futur PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi, NDLR)". Car le groupe "a annoncé que les effectifs liés à l'automobile sont 50% trop élevés chez Bosch" rappelle le syndicaliste.

Pour sa part, la directrice de la communication de Bosch France reconnaît bien une "demande de travailler tous les scénarios", mais Florence Melin ajoute aussitôt qu'il ne s'agit "pas du tout du scénario privilégié puisque toutes les pistes de diversification sont activement travaillées et poursuivies".

Le site Bosch d'Onet-le-Chateau a déja perdu plus de 1000 emplois en 15 ans

Avec la crise que connaît la filière diesel, les effectifs ont déjà fondu chez Bosch à Onet-le-Château.

Il y a 15 ans, l'usine faisait encore travailler 2500 personnes. Mais aujourd'hui, le site ne compte plus que 1200 salariés. Un plan de pré-retraites prévoit le départ de 130 personnes d'ici le mois de mai prochain. Et la projection d'effectifs de la direction prévoyait entre 800 et 850 personnes à l'horizon 2022.

Un site engagé dans une course à la diversification

C'est pour faire face à cette crise qu'un accord de transition du site a été signé en 2018, pour une durée de trois ans, pour maintenir un niveau d'activité jusqu'à fin 2021 tout en imaginant des solutions de diversification.
Parmi celles-ci, la construction d'une pièce pour les colonnes de direction des véhicules diesel, essence ou électrique, la fabrication pour d'autres entreprises des fournitures de lignes d'assemblage ou encore la fabrication d'une petite pile à hydrogène pour les groupes froids des semi-remorques.

"Nous devons faire face à une situation compliquée, mais nous continuons à investir fortement dans la diversification", assure Florence Melin. "Malheureusement,  précise-t-elle, la covid a contrarié un certain nombre de projets. Nous sommes en relation avec des clients potentiels et tout est un peu contrarié. Nous avons aussi l'aéronautique. Même si c'est un secteur qui souffre en ce moment, nous continuons d'y croire". 

40 emplois créés par la diversification du site contre 300 attendus

La diversification escomptée par l'accord de transition tarde pourtant à se concrétiser en volume d'emplois. Le projet de pile à combustible ne créerait dans l'immédiat qu'entre 10 et 15 emplois. La pièce pour les colonnes de direction et la fourniture de lignes d'assemblage ? Une vingtaine d'emplois. "A ce jour, cette recherche de diversification menée depuis plus de 3 ans est un échec avec seulement 40 emplois créés sur les 300 promis" s'indigne le syndicat Sud.
"Les composants pour moteur diesel sont des produits à très forte valeur ajoutée sans équivalent dans l'industrie", répond Patrick Meillaud, le directeur économique du site d'Onet-le-Château, "et donc compenser le déclin du diesel en terme d'emplois représente un défi énorme.  Nous consacrons une grande partie de nos efforts à développer de nouvelles activités". "Lorsque ces dernières, comme la pile à hydrogène, constituent un produit d'innovation n'existant pas sur le marché, ce marché est à créer", explique-t-il, "mais la montée en cadence autour de cette pile dépend de tout un tas de paramètres qui vont bien au-delà de notre usine et de notre groupe. Les perspectives d'emploi sont à construire. Elles peuvent devenir significatives, mais c'est sûr que nous sommes sur une échelle de temps complètement différente. Nous travaillons sur différents horizons de temps qui nous permettent à la fois de générer des emplois tout de suite mais aussi de préparer l'avenir".  

Les syndicats croisent les doigts en attendant le résultat de l'enquête sur les vignettes Crit'air

Le temps, c'est aussi ce que surveillent les syndicats. Dans un an prendra fin l'accord de transition qui protège 300 emplois jusqu'à la fin de 2021. D'ici là devraient être connues les conclusions de l'enquête sur les vignettes Crit'air, repoussées pour cause de Covid. Les syndicats redoutent que cette étude sur les niveaux d'émission des véhicules thermiques lancée mi 2019 par les pouvoirs publics ne porte un nouveau coup à la filière diesel et vienne sceller le sort de l'usine de Rodez. 
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