65 ans après avoir accueilli les premiers tableaux de Pierre Soulages, New York célèbre le centenaire du « peintre du noir et de la lumière ». Une galerie de Manhattan expose jusque fin octobre des toiles de l’artiste ruthénois issues de collections privées ou de musées américains.
En plein cœur de Manhattan, sur la célèbre Madison Avenue, Pierre Soulages is coming black !
Le célèbre peintre originaire de Rodez qui fêtera ses cent ans en décembre prochain est au cœur d’une exposition retraçant une partie de sa carrière américaine, des années 50 jusqu’à aujourd’hui.
La galerie new-yorkaise Lévy Gorvy, spécialisée dans l’art contemporain, a réuni sur trois étages vingt tableaux qui explorent le rôle joué par l’artiste français dans le dialogue entre peinture européenne et américaine depuis l’après-guerre.
Dans les années 50, New York découvre Pierre Soulages
Dès 1948, James Johnson Sweeney, alors commissaire au Musée d’art moderne de New York, rend visite à l’atelier parisien de Soulages. Il est intrigué par ce jeune artiste utilisant des outils inhabituels associés à la peinture noire. Séduit par cette démarche radicale, il soutient ce jeune représentant de l’art abstrait, et le met en contact avec Samuel Kootz, un célèbre galeriste new-yorkais.
Pierre Soulages rejoint alors une liste prestigieuse d’artistes défendus par ce marchand d’art – Pablo Picasso, Georges Braque ou encore Fernand Léger...
Il fera aussi partie de l’accrochage inaugural du musée Guggenheim, en 1959, dans le bâtiment circulaire emblématique imaginé par l’architecte Frank Lloyd Wright.
« L’outrenoir » exposé outre-atlantique
La plus ancienne toile de cette rétrospective new-yorkaise est datée de décembre 1954.La plus récente a été peinte en avril de cette année 2019, Pierre Soulages restant, à presque cent ans, toujours aussi prolifique en matière de création. Entre les deux, l’exposition balaie plus de six décennies de carrière. Des tableaux fondateurs des années 50 et 60, exposés pour la première fois aux Etats-Unis, côtoient des œuvres exceptionnelles de la série « Outrenoir », initiée par Soulages en 1979, dans lesquelles des couches de pigment captent les variations de la lumière environnante.
Lévy Gorvy, qui représente Pierre Soulages, continue de placer des toiles auprès de clients américains.
C’est vrai qu’on aurait pu vendre dix fois à des Européens, mais on a dit non, on va d’abord voir où on peut les placer aux Etats-Unis,
explique Dominique Lévy, co-fondatrice de la galerie Lévy Gorvy, avec Brett Gorvy, ancien responsable de l’art contemporain au sein de la maison d’enchères Christie’s.
C’est incroyable pour moi, parce que je ne connais pas un artiste qui se réinvente comme ça, encore et encore. Je ne sens jamais une répétition dans le travail de Soulages.
explique-t-elle.
"Un pas de deux" entre New York et Paris
Cette exposition est un événement intimement lié à l’organisation d’une autre rétrospective consacrée au maître du noir, qui aura lieu à Paris, en décembre prochain. Le musée du Louvre rendra en effet lui aussi hommage au peintre occitan, aujourd’hui installé à Sète, à travers une autre série de tableaux reflétant son parcours artistique, de 1946 à aujourd’hui.Aucune des toiles montrées à New York ne sera dans cette exposition parisienne.
« Ce sont deux expositions qui dansent ensemble », poursuit Dominique Lévy, soulignant que l’exposition du Louvre présentera quasiment le même nombre d’œuvres (21) que la sienne.
« C’était l’idée d’un pas de deux », poursuit la galeriste, «et l’espoir de donner une chiquenaude aux musées américains, et leur dire : il est temps de faire une vraie rétrospective Soulages. »
Voici un aperçu des oeuvres de Pierre Soulages à voir jusqu'au 26 octobre 2019 à New York