PHOTOS. "Sublimer les paysages grâce aux constellations" : il nous fait voyager dans l'espace en capturant ce qui échappe à l'œil nu

Ambulancier le jour, voyageur céleste la nuit, c'est ainsi que se présente Benoit Déchaux sur ses réseaux sociaux. Ce passionné d'astronomie s'est lancé dans l'astrophoto. Orion, la Voie Lactée, Andromède... Il sublime des paysages grâce aux constellations. Rencontre.

Cela fait des mois qu'il attendait de pouvoir réaliser ce dernier cliché baptisé L'Orion Express. Une photo d'Orion au-dessus du viaduc de Viaur. Benoit Déchaux s'est lancé dans l'astrophotographie, il y a sept ans, à la faveur d'une installation dans l'Aveyron. Depuis, il y consacre des heures et des heures. Le jour pour les repérages. La nuit pour capturer ce qui échappe à l'œil humain. Il nous raconte.

La longue attente

"Quatre mois que je préparais cette photo, en étudiant les heures des passages des trains, cherchant les meilleurs spots selon les points cardinaux..." Mais avant tout, il a fallu attendre que sa cible soit au rendez-vous. "Pour faire simple, on a des constellations hivernales et des constellations estivales. C'est-à-dire que la Voie lactée ne se voit pas en hiver et Orion ne se voit pas en été et vice versa, explique l'astrophotographe.

Ensuite, il faut trouver le point de vue adapté par rapport à l'orientation de la constellation. Ce qui nécessite une longue phase de repérages réalisés le jour. Et enfin obtenir le feu vert météo. "Du mois d'octobre à février en Aveyron, je n'ai pas pu faire de photo car il pleuvait quasiment tous les jours. Ou il y avait des nuages. Des conditions impossibles pour l'astrophoto", explique Benoit qui doit aussi jongler avec son emploi du temps professionnel.

Une fois installé, un seul clic suffit-il ? Détrompez-vous.

Si je faisais un "single shot", je n'obtiendrais pas assez de détails pour pouvoir révéler toutes les subtilités d'Orion avec tous les nuages d'hydrogène alpha, les nébuleuses qui sont à l'intérieur et tout ça.

Benoit Déchaux, astrophotographe

"Pour L'Orion Express, j'ai fait 80 poses d'une minute. J'ai empilé, avec un logiciel, les 80 photos les unes sur les autres, pour révéler tous les détails qu'il y a sur le cliché", précise encore celui qui a déjà passé cinq heures à appuyer sur le déclencheur pour l'un de ses sujets.

Pour moi, le but premier en intégrant du paysage, c'est de sublimer celui-ci en nocturne grâce aux constellations. Et de pouvoir l'admirer sous un nouvel angle.

Benoit Déchaux, astrophotographe

Est-il parfois lui-même étonné par le résultat obtenu ? Oui, répond Benoit. Son appareil photo est doté d'un "capteur qui a été défiltré pour permettre de révéler certaines zones du ciel qui pour nous, avec le spectre de l'œil humain, sont impossibles à voir." C'est le cas, par exemple, de l'hydrogène alpha, ces gaz rouges que l'on voit sur la photo d'Orion au-dessus du viaduc de Viaur.

Autre surprise, la Nébuleuse de Californie. "Je ne savais pas trop à quoi ça ressemblait", nous dit Benoit. Un ami l'incite à la prendre en photo.

La première fois où je l'ai vue, j'ai dit : ah ouais, quand même. Avec le post-traitement derrière, on voit tout le potentiel de la nébuleuse ou de la constellation.

Benoit Déchaux, astrophotographe

Un acharnement payant

Passionné d'astronomie depuis tout gamin, Benoit Déchaux est un autodidacte de l'astrophoto. Il a fait son apprentissage au gré des rencontres. Le plus compliqué ? "Tout se passe en mode manuel. Il n'y a pas d'autofocus pour faire la mise au point automatiquement comme pour des photos de jour, nous confie-t-il

Les conditions météo doivent être parfaites. Le matériel performant. Et puis, il y a cette forme d'acharnement, de patience et de travail minutieux qui lui permettent de saisir l'insaisissable. Exemple avec cette photo publiée en juillet 2022 sur ses réseaux.

"Pour moi, cette photo, c'est la consécration de tant d'acharnement depuis que je fais de l'astrophotographie, écrit-il en légende. C'est juste dingue d'avoir réussi non seulement à capturer ce bolide, mais la probabilité qu'il soit parallèle à ma cible ?!"

L'astrophoto dont il rêve ?

"Très difficile à dire", nous répond du tac-au-tac, Benoit. Même s'il l'a déjà photographiée des centaines de fois, l'astrophotographe avoue un faible, l'hiver, pour Orion. "Il y a toujours un truc à prendre en photo à l'intérieur de cette constellation". L'été, il n'a de cesse d'explorer La Voie Lactée. "J'aime bien aussi la Galaxie d'Andromède."

Maintenant, il aimerait aussi retourner en Norvège pour photographier une aurore boréale. Et, pourquoi pas dans l'hémisphère sud ? "Là, il y a des constellations qu'on ne peut pas voir chez nous dans le nord. Notamment les nuages de Magellan."

Il y a un lieu où j'aimerais aller une fois dans ma vie, c'est l'ile de Pâques. Si je pouvais faire une astrophoto avec les Moaï, ce serait vraiment excellent.

Benoit Déchaux, astrophotographe

Né en Lozère, Benoit est aujourd'hui âgé de 37 ans. Depuis septembre 2023, l'astrophoto est devenue une activité secondaire, en plus de son métier d'ambulancier. Ses photos, il les vend. Les expose également au grand public comme actuellement dans un restaurant de Rodez. Dernière question : vous dormez la nuit ? "C'est ce que je dis à mes patients : je suis ambulancier le jour, photographe la nuit, et après j'essaye d'aller dormir".

Le truc avec la météo, c'est que : quand il n'y a pas la Lune, quand toutes les conditions sont parfaites pour aller faire des photos, il faut saisir la chance de suite.

Benoit Déchaux, astrophotographe

Le passionné concède qu'il lui est très rare "d'aller shooter une nuit entière". "En général, j'obtiens toujours ce que je veux au bout de quatre ou cinq heures, grand max, et après je vais faire un gros dodo", nous dit Benoit, des sourires plein la voix.

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