A 100 ans, Guy Lamouroux, résistant, se souvient de la libération. Tout comme Jean-Claude Simon, qui était alors un enfant juif caché par une famille à Moissac. Les deux hommes racontent l'Histoire.
Le 7 mai 2021, Guy Lamouroux fête ses 100 ans. Le lendemain, le 8 mai 2021, il commémore en famille, la fin de la Seconde Guerre mondiale. A l'époque, en 1945, Guy Lamouroux est résistant. Il participe aux actions d'un maquis entre Grenade et Toulouse. Pour éviter de se faire arrêter, il s'engage dans les Groupes Mobiles de Réserve, l'équivalent des CRS aujourd'hui. Le Toulousain d'origine ariégeoise, raconte ses souvenirs avec émotion et humour.
"Je n'ai pas fait ça pour avoir une médaille"
Il n'a que 19 ans quand la France capitule, en 1940. "C'est un âge où l'on a pas peur. On fait ce qu'on a à faire, et si c'est dangereux tant pis!" raconte Guy Lamouroux, étudiant à la fac de science de Toulouse à cette époque. Il s'engage dans la résistance par l'entremise de son beau-père. Le Toulousain souligne que les deux hommes ne partagent pas forcément les mêmes idéologies. C'est d'ailleurs son plus beau souvenir : "la camaraderie entre des gens qui n'avaient rien en commun, avant". La résistance rassemble des Hommes de tout horizon autour d'un ennemi commun : le nazisme. En vidéo, son témoignage recueilli par Benoit Roux et Eric Foissac :
"Nous devions être arrêtés une semaine après"
Guy Lamouroux se souvient de ses actes de résistance : "quand le commandant avait fini de donner des ordres, on disait qu'on n'entendait pas". Le Toulousain prévient les personnes qui vont être arrêtées avant qu'elles ne le soient. Au moment de la libération, il découvre la note d'un commandant. "Nous devions être arrêté, mon copain qui s'appelait l'Orphelin et moi, une semaine plus tard". Et d'ajouter : "toute ma vie j'ai eu de la chance!' En 1945, Guy Lamouroux fête la libération de la France avec ses amis résistants. "On était 300 ! Il fallait trouver un restaurant pour tous nous recevoir!" se souvient-il en riant. Et de comparer : "aujourd'hui tout le monde s'en fout". Celui qui n'est jamais allé chercher sa médaille aime se faire appeler "l'homme de l'ombre", encore maintenant.
Caché chez une famille de Moissac au moment de la libération
Jean-Claude Simon, lui, est président de l'association "Moissac, ville de Justes oubliée". Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est un enfant, juif. Ses parents fondent la Maison des Justes, qui sauva des centaines d'autres enfants. Lui, est caché chez une famille moissagaise. "Je me souviens de la libération comme d'une fête" raconte-t-il. "Les Allemands, qui occupaient le collège étaient partis". Et de reprendre : "mais ce souvenir de fête est entaché par celui des femmes tondues devant le tribunal de la ville". Il n'est alors âgé que de 8 ans, "mais avec un ami qui était caché avec moi, on s'est dit plus tard que nous avions déjà une réflexion d'adulte. Très jeune, on avait appris à cacher notre identité, à vivre avec un nom d'emprunt, à ne pas dire la vérité. On était très matures." A la fin de la guerre, la famille qui avait caché Jean-Claude propose à ses parents de l'adopter "comme ça je n'aurais plus été juif, plus de soucis. C'était un acte d'amour pour eux". Evidemment, ils refusent. Désormais, la Maison des Justes est une propriété privée, mais une plaque commémorative entend ne jamais oublier celles et ceux qui ont été sauvés dans cette demeure.