L'épidémie de Coronavirus s'ajoute aux difficultés que les agriculteurs connaissent déjà. Alors que la saison des récoltes approche, les clients et la main d'oeuvre viennent à manquer, la chaîne logistique est perturbée. Les syndicats agricoles appellent au secours.
Alors que les premières récoltes devraient débuter, les agriculteurs s’inquiètent des conséquences de l'épidémie de Covid-19. Le ralentissement économique induit par la propagation du virus et la fermeture des cantines et restaurants s'ajoute à leurs difficultés déjà existantes.
À cause des mesures de confinement, les producteurs vont également manquer de bras pour le ramassage, les récoltes et les travaux des champs en ce début de saison. Ces employeurs, qui ont déjà du mal à recruter d'ordinaire, sont aussi touchés par la fermeture des frontières, notamment avec l'Espagne ou le Maroc, grands pourvoyeurs de main d'oeuvre saisonnière.
Le monde agricole aux abois
Les syndicats agricoles de la région lancent un appel à l'aide aux consommateurs afin de sauver les paysans. En cette période inédite de confinement, il est impératif pour aider les exploitants agricoles de diversifier son alimentation, rappelle Jérôme Despey, viticulteur dans l'Hérault et président de la Chambre d'agriculture.
On a vu la ruée sur les produits de première nécessité, comme le riz et les pâtes. Mais on ne peut pas manger que ça, c'est lassant. Cette situation inédite peut nous permettre d'adopter un nouveau mode de consommation. J'appelle donc, et c'est très important, les consommateurs à avoir une alimentation variée et à se tourner vers des produits frais de saison et locaux.
Le président des jeunes agriculteurs d'Occitanie, Roland Le Grand, l'implore lui aussi dans une lettre ouverte publiée ce jeudi 19 mars; "achetez français, mangez français".
Le monde agricole se mobilise pour continuer à vous proposer une nourriture sûre, saine et de qualité. C’est pourquoi, nous vous exhortons aujourd’hui au soutien de nos filières agricoles françaises en achetant des produits français, que ce soit en circuit court ou dans nos grandes et moyennes surfaces.
Les syndicats ont demandé aux grandes surfaces de la région de faire un geste en s'approvisionnant davantage en produits locaux. Une demande appuyée par le président de la CCI de l'Hérault, André Deljarry. Ils appellent également les maires à maintenir les marchés de plein vent, si chers aux producteurs, ouverts pendant le confinement, comme l'autorise l'arrêté du 15 mars, en prenant toutes les mesures de sécurité nécessaires.
J’ai demandé ce jour aux acteurs de la Grande distribution de favoriser leurs approvisionnements auprès des producteurs locaux.
— André DELJARRY (@ADeljarry) March 20, 2020
Tous solidaires, tous responsables ! pic.twitter.com/pjXKNDN42U
Appel aux volontaires
Ces difficultés économiques s'ajoutent à la peur de perdre une grande partie des cultures qu'il est temps de récolter. Les exploitants des Pyrénées-Orientales, de l'Aude, du Gard, de l'Hérault, mais aussi du Lot-et-Garonne ou du Tarn-et-Garonne peinent à trouver la main d'oeuvre nécessaire.
La saison de la fraise et de l'asperge s'annonce compliquée. Dans l'Hérault, pour le mois de mars, les besoins sont de 300 emplois pour mener à bien le travail agricole.
Même si le travail sur les exploitations agricoles, incompatible avec le télétravail, n’est pas soumis au confinement et fait l’objet de dérogations particulières, la situation reste difficile pour nombre d'eutres elles, qui voient s'enchaîner les défections. Aussi, les jeunes agriculteurs d'Occitanie enjoignent ceux qui le peuvent à participer au travail des champs.
N'hésitez pas à prendre contact avec les structures départementales du syndicat des Jeunes Agriculteurses et les exploitations agricoles autour de votre lieu de confinement pour donner un coup de main et permettre aux agriculteurs de poursuivre leur travail.
D'autres mesures sont demandées par les syndicats agricoles au niveau national afin de soulager les maraîchers et producteurs. "On a des salariés qui ont envie de faire des heures, mais la loi ne permet pas de faire plus de 48 heures par semaine" explique à l'AFP Jérôme Volle, président de la commission emploi à la FNSEA, qui demande des dérogations à 60 heures par semaine "pour que les employeurs ne versent pas dans l'illégalité". Ce qui est parfois appliqué en période de vendanges.
Faîtes le savoir autour de vous, beaucoup d’ #agriculteurs s’interrogent!
— Christiane Lambert (@ChLambert_FNSEA) March 17, 2020
Pas de panique ou de décisions hâtives, notre travail continue!
La production #agricole base de l’ #alimentation ... il est bon de le rappeler!
Bon courage à tous et prenez soin de vous. https://t.co/iVPP8F8VNI
Chaîne logistique brisée
Le syndicat réclame également, entre autres, la défiscalisation des heures supplémentaires, des recours facilités aux contrats à durée déterminée et au travail temporaire, le recours à des salariés placés actuellement en chômage partiel ou l'autorisation pour les élèves et étudiants des établissements agricoles qui le souhaitent de venir travailler de façon occasionnelle.
Une bourse au travail, en lien avec Pole Emploi, afin de répertorier les besoins et de proposer des offres, devraient être mise en place, selon Jérôme Despey.
Le président de la Chambre d'agriculture rappelle que d'autres problématiques touchent également la chaine logistique agricole. Les entreprises de transport, d'emballage, ou encore les abattoirs, maillons nécessaires de cette chaîne, n'ont pas toujours assez de demandes pour se maintenir ouvertes. "Cela pose des difficultés par exemple, pour les producteurs caprins, qui ont besoin pour fabriquer du fromage de moules, et qui ne peuvent pas toujours se les faire livrer", note-t-il.
La Chambre d'agriculture de l'Hérault a par ailleurs fait savoir que malgré sa fermeture, la continuité du suivi des exploitants est assurée. Une cellule de crise a été mise en place le mercredi 18 mars afin de mettre en place "des échanges très réguliers sur les mesures urgentes à mettre en place pour les agriculteurs".