Les réservistes du Service de Santé des Armées ont proposé au chef du SAMU 31, le Professeur Vincent Bounes, de coordonner l'action des bénévoles de santé volontaires pour combattre le Covid-19. Près de 200 professionnels de santé et un millier d'étudiants en médecine se sont déjà manifestés.
Jean-Philippe Durrieu est l'un des médecins de la clinique Ambroise Paré à Toulouse. Régulièrement, ce spécialiste de la chirurgie faciale passionné de rugby répare les visages tuméfiés des joueurs du Stade Toulousain ou d'autres clubs d'Occitanie, le reste du temps il redonne un visage aux accidentés de la vie.
Aujourd'hui, plus aucune consultation ou acte chirurgical non urgent n'est assuré au sein de la clinique Ambroise Paré. Le service de réanimation est réquisitionné pour faire face au pic d'urgences annoncé pour la fin du mois de mars. Des parcours sont en cours d'aménagement pour que les personnes porteuses du Coronavirus ne croisent pas les autres patients.
Dès le déclenchement du Plan Blanc, le docteur Durrieu a donc rejoint bénévolement le SAMU 31 où il officie depuis quelques jours en tant que régulateur des urgences. Aucune hésitation, il est depuis bien longtemps prêt à réagir en cas de crise : Médecin-Chef de réserve, Jean-Philippe Durrieu est président de l'Union Nationale des Réservistes Formateurs du Service de Santé des Armées.
Une coopération essentielle en temps de crise sanitaire
Convaincu de la nécessité d'une coopération entre les personnels de santé civils et militaires en temps de crise, c'est lui qui organise à Toulouse, sur la base de Francazal, les journées nationales d’instruction "médecine de catastrophe" durant lesquelles vos médecins généralistes et autres infirmiers libéraux volontaires sont mis en situation d'intervention après des attentats, sous des bombardements ou le feu des snipers : quelles attitudes adopter ? quels blessés secourir en priorité ? comment organiser les soins ? comment traiter les blessures de guerres par explosion, polycriblages, brûlures ou blasts ?
Une préparation utile aujourd'hui pour mener le combat contre l'épidémie de Coronavirus. Les réservistes du Service de Santé des Armées ont proposé au chef du SAMU 31, le Professeur Vincent Bounes, de coordonner l'action des bénévoles de santé qui se portent volontaires pour combattre le Covid-19. Près de 200 professionnels de santé et plus d'un millier d'étudiants en médecine se sont déjà manifestés pour - selon leur niveau d'expertise - apporter des réponses aux populations inquiètes.
En attendant d'intervenir directement sur le terrain, ces bénévoles soutiennent la cellule régionale "Réponse" créée par le SAMU 31 pour faire face à la crise actuelle. Cette cellule vient en soutien des centres d'appels départementaux du 115 lorsqu'ils sont débordés. Au bout du fil, des personnes fiévreuses ou simplement inquiètes qui veulent joindre un professionnel.
Les organisations hospitalières classiques atteignent leurs limites
Selon leurs connaissances ces bénévoles sont organisés en quatre niveaux : lorsque la situation ou les symptômes sont alarmants, un appel initial recueilli par des étudiants au niveau 1 peut être en quelques secondes transmis aux médecins spécialistes du niveau 4, seuls compétents pour envoyer des secours et préparer une hospitalisation.La gravité de la situation dans les hôpitaux italiens et les expériences vécues ces dernières semaines dans les services hospitaliers d'Alsace et des Hauts de France prouvent que les organisations peuvent atteindre rapidement leurs limites. Le recours à des personnels de santé extérieurs devient alors une nécessité.
Plutôt préparé à intervenir en cas de conflit armé, les réservistes apportent aujourd'hui un peu d'oxygène aux services hospitaliers, notamment dans la perspective de l'organisation d’une relève lorsque les personnels habituels seront eux-mêmes victimes du Covid 19.