Déconfinement : La première journée des commerçants de Montpellier et Nîmes


Coiffeurs, opticiens, magasins de vêtements ou centres commerciaux : depuis ce lundi 11 mai, ils ont l’autorisation de rouvrir. A Montpellier ou Nîmes, le sentiment dominant des commerçants est le soulagement dans une ambiance plutôt étrange.



Ils avaient tous dû baisser leurs rideaux le 17 mars. Après huit semaines sans pouvoir accueillir leurs clients, ils ont retrouvé ce lundi matin une activité presque normale. Avec des conditions météo défavorables, la fréquentation de leurs magasins est restée mesurée pour ce premier jour. Et les professionnels du commerce se demandent bien à quoi vont ressembler les jours qui viennent.

Nous sommes soulagés... Après une période de stress, la pression va retomber !

Le Polygone à Montpellier a pu rouvrir ses portes mais avec des mesures sanitaires drastiques. Son directeur Roger Naro détaille : "Un système de barriérage a été mis en place à l’extérieur du centre. 1.500 clients seront acceptés à la fois, 20 fois moins que d’habitude. Ils ne pourront pas se croiser et devront porter un masque".
 


Une quinzaine d’hôtesses aident le public et le personnel de sécurité a été renforcé pour vérifier le respect des gestes barrière. Un marquage au sol a été réalisé avec une ligne bleue pour patienter à l’entrée des boutiques et une ligne jaune pour poursuivre son chemin. Des distributeurs de gel sont disponibles tous les 20 mètres.  Robert Naro avoue "Après le stress engendré par la préparation de toutes ces mesures, nous sommes un peu soulagés !  La pression devrait retomber. J’espère que tout se passera bien."


Les commerçants du centre-ville de Montpellier sont libérés mais inquiets

Dans les boutiques de l’Ecusson, au centre-ville de Montpellier, chaque commerçant a dû adapter les conditions de la reprise à ses propres moyens. Le nombre de clients dépend de la surface de la boutique. Des plexiglas de protection ont été commandés mais pas toujours reçus. Des kits avec masques et gel ont tout de même été distribués par la Chambre de Commerce et d’Industrie de l’Hérault.

Selon Odette Daudé, quelques-uns ont préféré ne pas repartir. La présidente de l’association des commerçants de l’Ecusson qui regroupe 300 adhérents justifie ce constat : "Certains ont craqué... Et ce n’est peut-être pas fini ! Il va falloir que ça marche très vite. Il y a chez nous de l’espoir mais aussi de l’angoisse. Surtout qu’après les gilets jaunes qui remettent ça ce samedi puis les grèves, notre situation est compliquée."

C’est comme si je sortais de prison



Cette vendeuse de lingerie de luxe explique avoir pris - contrainte et forcée - ses premières vacances en 30 ans d’exercice du métier. "J’ai l’impression de sortir de prison. Mais je suis une battante. Le commerce est ma passion, c’est une véritable addiction. Je ne lâcherai pas. Mais je lutterai aussi pour que toutes les assurances fassent un geste, quitte à prendre un avocat."

Les salons de coiffure, tout comme d’ailleurs les toiletteurs canins, ont été nombreux à rouvrir ce lundi. Il faut dire que le carnet de rendez-vous était souvent plein depuis plusieurs jours. Dans ce salon de Sète, le début du déconfinement était synonyme de coupes et de colorations.


Nîmes : la vie reprend peu à peu à la Coupole

A la Coupole, tout le monde n’a pas encore repris mais le centre commercial du centre-ville a rouvert ses portes au public ce lundi matin. Pierre Jaume, gérant d'un magasin d’optique accueille ses clients les plus fidèles, privés de service après-vente depuis près de deux mois : "J’espère que les choses vont vite s’améliorer. De toutes façons, ce sera plus dur qu’avant... C’est tout de même un soulagement même si notre travail sera plus long. Il faudra par exemple désinfecter les montures de lunettes après chaque essai."

Une boutique spécialisée dans les produits liés au bien-être, à la nature ou encore aux sciences ne rouvrira que vendredi. Pour l'une des employées, il n’est pas question de faire preuve de précipitation : "Nous voulons prendre notre temps pour bien faire les choses. Il y aura un sens de circulation à l’intérieur du magasin et les modèles de démonstration vont être enlevés."

La première journée a été morose. L’ambiance était vraiment particulière. La question est de savoir si les gens vont revenir.

Les commerçants indépendants de l’Ecusson se sont également préparés à cette reprise. Paul Giudicelli tient un grand magasin de vêtements. Il ne rouvrira que mardi. Le lundi est le jour habituel de fermeture. Chez lui aussi, il y aura un sens de circulation fléché. Le port du masque sera obligatoire pour tout le monde y compris pour les clients qui auront un distributeur de gel à pédale à leur disposition :

"Bien entendu, les locaux seront désinfectés. Mais il va falloir gérer les vêtements essayés. Ceux-ci seront systématiquement mis de côté pendant quatre heures et nettoyer à la vapeur. Nos cabines d’essayage, elles, ne nous posent pas de problème. Elles sont suffisamment éloignées les unes des autres."
 

La reprise sera lente. A nous de redonner confiance aux clients


Paul Giudicelli est président de l’association "Cœur de Nîmes" qui regroupe 130 commerçants et 70 étaliers des Halles. Il ne croit pas à une reprise rapide : "Elle sera progressive et lente. Relancer la machine sera difficile même si la mairie nous aide avec par exemple le stationnement gratuit jusqu’au 1er juin. Mais ce ne sera pas la fête du jour au lendemain. La partie est loin d’être gagnée. Il va falloir montrer à nos clients qu’ils ne risquent rien chez nous."

Daniel Kohen est fleuriste au centre-ville. Lui aussi s’interroge sur le comportement des acheteurs :

Personne n’est capable de dire si les clients vont revenir. Pour ce jour de réouverture, j’avais vraiment un sentiment bizarre. L’ambiance aujourd’hui était très particulière.

A ce jour, hôtels, restaurants et cafés, eux, restent fermés jusqu’au 2 juin. Ils pourraient connaître ce jour-là la date de reprise de leur activité... bien après les autres magasins.

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