Ecologie : à 50 ans, le Parc national des Cévennes fait face au changement climatique

Situé entre la Lozère et le Gard, le Parc national des Cévennes célèbre ses 50 ans tout en faisant face à un défi : celui du changement climatique. Hausse des températures, sécheresse et augmentation des épisodes cévenols ont un réel impact sur les paysages du Parc, comme le prouve une étude.

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Le Parc national des Cévennes fait le bonheur de ses habitants et des visiteurs depuis 50 ans.

Créé en 1970, ce territoire de moyenne montagne de 2 700 mètres carré s’étend sur les départements de la Lozère, du Gard et de l’Ardèche.

Il se décompose en 4 massifs : le Mont Aigoual, le Mont Lozère, le Causse Méjean et les vallées cévenoles. Il est également labellisé "réserve internationale de ciel étoilé".

Un climat contrasté qui évolue

Le Parc national des Cévennes regroupe plusieurs climats à la fois : "avec ses vallées étroites et gorges érodées, ses (hauts) plateaux, ses monts et massifs qui culminent à 1 699 mètres d’altitude, (le Parc National des Cévennes, ndlr) est sous l’influence d’un climat principalement méditerranéen, mais aussi montagnard, continental et même océanique."

Dans une étude réalisée par un groupe d’experts sur le climat en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur (GREC-SUD) et le Réseau d’Expertise sur les Changements Climatiques (RECO), le constat est sans appel :

Le Parc national des Cévennes présente un climat contrasté qui a déjà significativement évolué.

"Ces 60 dernières années, les températures ont nettement augmenté avec, par exemple, au Mont Aigoual, une température moyenne annuelle de l’ordre de +2 °C par rapport à la période 1961-1990" selon la directrice du Parc, Anne Legile, qui rencontre aujourd'hui les directeurs des différents parc nationaux français à l'occasion des 50 ans du Parc national des Cévennes.
 

L’activité agricole victime du changement climatique

Selon le rapport réalisé par le GREC-SUD et le RECO avec le Parc national des Cévennes, "à l’échelle mondiale, l’agriculture a une grande part de responsabilité dans la hausse globale des températures" mais est aussi l’une des victimes du changement climatique.

Plus de 400 exploitations agricoles font partie des paysages du Parc.

"Si les températures estivales sont fréquemment supérieures à 30 degrés et/ou si le déficit hydrique est élevé entre avril et août, alors la survie des populations d’espèces prairiales d’origine tempérée est menacée" affirment les experts.

En règle générale, les éleveurs font pâturer leurs animaux dans des parcelles de grandes tailles en utilisant deux techniques : le broyage ou le brûlage pastoral autrement appelé écobuage. Ce dernier n’est pas "sans impact" selon les experts car il peut détruire certaines plantes sensibles aux perturbations ou brûler des milieux qui ont mis des milliers d’années à se développer.

Un risque incendie plus élevé ?

Les forêts couvrent aujourd’hui 72 % du territoire du Parc national des Cévennes contre 16 % en 1850. En nette évolution, on constate également de forts contrastes : le sud-est du Parc national des Cévennes est couvert de chênes verts (influence méditerranéenne), entre autres, alors que des espèces montagnardes se développent dans le nord-ouest du Parc.

Les espèces méditerranéennes sont aujourd’hui plus sensibles au changement climatique : les experts affirment que leur exposition aux incendies est plus forte.

Un accroissement du risque incendie est attendu en zone méditerranéenne.

Les épisodes cévenols évoluent-ils en même temps que le changement climatique ?

Si le Parc National des Cévennes est touché par la sécheresse, de violents épisodes cévenols s’abattent également sur le territoire.

Le Gard, l’Hérault et la Lozère sont les départements français les plus touchés par ces "aléas météoritiques extrêmes." 

Comment se forment ces pluies intenses ? Elles sont "liées à la remontée de masses d'air chaud, humide et instable provenant de la mer Méditerranée qui, lorsqu’elles butent sur les reliefs cévenols, montent en altitude et rencontrent des masses d’air froid. La vapeur d’eau se condense alors et retombe sous forme de précipitations."

Les experts parlent d’une "augmentation de la fréquence et des intensités des précipitations extrêmes" qui aurait augmenté de 22% depuis les années 1960 "avec une plage d’incertitude comprise entre 7 et 39%."

Malgré la difficulté, voire l’impossibilité aujourd’hui de modéliser correctement ces phénomènes, il est très vraisemblable que l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des pluies extrêmes se poursuive dans les années à venir à la faveur de la hausse des températures.

Une chose est sûre : les inondations pourraient être évitées. En effet, les experts ont constaté que "la vulnérabilité à ces inondations ces dernières décennies est principalement causée par l’artificialisation des bassins versants, l’urbanisation et la croissance démographique, plutôt que par les facteurs climatiques."

A travers la gestion des bassins versants et l’aménagement du territoire, nous pouvons réduire sensiblement notre vulnérabilité vis-à-vis des épisodes cévenols.

Pour Anne Legile, la directrice du Parc national des Cévennes, "des pistes pour une adaptation et une expérimentation de nouvelles pratiques sont envisagées" en modifiant par exemple les modes d’exploitation avec "de nouveaux systèmes de partage, de décision et d’organisation territoriale afin de valoriser davantage les ressources locales."

La biodiversité bouleversée

L’augmentation de la fréquence des évènements extrêmes que ce soit les périodes de canicules, les pluies cévenoles ou les sécheresses, a un impact direct sur la biodiversité. Le Parc national des Cévennes abrite une faune et une flore très riches, parfois en danger.

Par exemple, l’emblématique papillon Apollon a complètement disparu dans certaines zones du Parc national des Cévennes. Selon les experts, "le changement climatique est fortement suspecté pour expliquer ces disparitions locales."
 

A contrario, en ce qui concerne les rapaces nécrophages, partie intégrante de l’histoire du Parc, leur évolution est positive. Aujourd’hui, 700 couples de vautours nichent le long des Grands Causses (Méjean, Sauveterre et Noir). Ils "contribuent fortement à la réduction du bilan carbone des activités d’équarrissage en recyclant naturellement et localement les cadavres d’animaux sauvages."
 
Quoi qu’il en soit, les experts du GREC-SUD et du RECO recommandent aux acteurs du territoire d’anticiper les changements dès aujourd’hui afin "de réduire leur vulnérabilité", et ce, sur les 50 prochaines années.

Ce 25 septembre à 20 heures 15, une table ronde autour de cette question du changement climatique dans le Parc national des Cévennes aura lieu en direct sur internet, en cliquant sur la vidéo ci-dessous :

 
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