Éleveurs français et espagnols réunis en Espagne pour une grande manifestation anti-ours

L'introduction de deux ourses slovènes en 2018 dans le Béarn est à la l'origine de la grande mobilisation d'éleveurs et d'associations ce jeudi à Ainsa, en Aragon.
 

Le débat sur la présence de l'ours dans les Pyrénées a été relancé à l'automne 2018 avec la réintroduction dans le Béarn de Claverina et Sorita.
Les deux ourses slovènes, venues agrandir une population d'une quarantaine d'individus, déclenchent la colère des éleveurs pyrénéens, farouchement opposés à leur réintroduction.

Ce jeudi, les éleveurs espagnols et français seront côte à côte à Ainsa, en Aragon pour dire non à l'introduction artificielle de l'ours dans les Pyrénées.
L'occasion pour une cinquantaine d'organisations agricoles et rurales de se fédérer autour d'intérêts communs.
 



Magali Lacube est éleveuse de vaches gasconnes et accueille aussi les touristes dans sa ferme auberge aux Cabannes, en Ariège. 
Ce jeudi matin, elle a embarqué avec une soixantaine de personnes, dans un bus direction l'Espagne.
 
Jointe au téléphone, elle évoque sa détermination à défendre les enjeux du pastoralisme et de l'éco-système de ses montagnes pyrénéennes.
Cette rencontre avec ses homologues espagnols la conforte dans l'idée que l'union fait la force et que la création d'une plateforme transfrontalière sera plus efficace pour porter la voix des éleveurs et des autres acteurs économiques.

"Il faut qu'on se parle, ce n'est pas juste une opération anti-ours, c'est une question globale : qu'est-ce-qu'on veut faire des Pyrénées ?"

Cette question sera certainement au centre des débats lors de cette journée de grande mobilisation qui réunit plusieurs associations de défense du pastoralisme, mais aussi des élus des départements concernés, des randonneurs et des collectivités territoriales.

Entre 1.000 et 1.500 personnes ont défilé dans le calme, dans les rues de la ville ancienne de l'Ainsa vers la place principale du village où se sont tenues les prises de parole des différentes organisations pendant une heure. Près de 200 manifestants se sont déplacés côté français. 

Retrouvez le reportage de Maria Laforcade et Emmanuel Fillon : 

 

 

Egalement coordinatrice à L’ADDIP (Association pour le Développement Durable de l’Identité des Pyrénées), Magali Lacube explique que les attaques d'ours répétées ces dernières années cristalisent toutes les tensions entre acteurs locaux et associations environnementales.

"La cohabitation entre l'homme et les grands prédateurs est impossible"

Selon Magali Lacube, depuis 20 ans, le bilan de la réintroduction dans les Pyrénées des ours slovènes est un échec.
Le chiffre annoncé par le ministère de la transition écologique fait état de 40 plantigrades répartis sur le massif et très présents en Ariège.
Il s'agit des ours, introduits il y a 20 ans pour repleupler le territoire, et de leurs descendances. 

Rien qu'en Ariège, la chambre d'agriculture comptabilise 6 attaques d'ours par jour, 26 par semaine.
En 2012, 200 bêtes ont été attaquées, 780 en 2019.

"Effaroucher les animaux avec des lanternes, des pétards, ça ne marche pas" déclare Magali Lacube.
"Depuis 20 ans on explique qu'on ne peut pas dormir à côté de nos troupeaux comme à l'ancienne...
Ces grands mamifères ont perdu la crainte des humains, un jour il aura un mort et on ne nous entend pas. "

En 2008, un chasseur a été gravement blessé par un ours, et tous les jours des troupeaux sont touchés par des attaques.
Fin juin 2019, la préfecture annonçait le dérochement de 260 brebis en Haute Ariège par un ours. 

"C'est une situation désespérante pour les éleveurs, leur outil de travail est décimé. Il faut plus de 10 ans pour reconstituer un troupeau, nous confie Magali. Un jour ça finira mal."

Cette manifestation est l'occasion pour les éleveurs de partager leurs craintes.
La situation en Ariège est grave, si on ne s'unit pas, ce sera la même chose dans toutes les Pyrénées, constate Magali Lacube.
 

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