Double féminicide dans le Gard : le suspect mis en examen pour meurtres

Deux jours après l'assassinat de deux sœurs aux Salles-du-Gardon près d'Alès, tuées à l'arme blanche par l'ex-compagnon de l'une d'entre elles, Cécile Gensac, procureure de Nîmes fait le point sur l'enquête.

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Quarante-huit heures après le double homicide des Salles-du-Gardon où un homme a tué sa femme et sa belle-soeur de plusieurs coups de couteau avant se rendre, la procureure de Nîmes, Cécile Gensac a fait le point sur l'enquête dans un long communiqué envoyé aux rédactions.

Reddition

Le 5 mai 2023 vers 16 heures, Mohamed O., âgé de 39 ans et de nationalité marocaine, se présentait au commissariat de police d’Alès où il exposait avoir tué sa femme Halima et la soeur de celle-ci. Il venait de se faire conduire au commissariat par une troisième femme témoin, avec une petite fille de 10 mois dans les bras, laquelle s’avérait être l’enfant commun de son couple avec l’une des deux victimes : Halima, née en juin 1996.

Un témoin

La femme témoin confirmait immédiatement la réalité des faits, expliquant avoir été présente au domicile au moment de leur déroulement, puis avoir été sommée de le conduire au commissariat de police. Il lui avait exposé ne pas souhaiter lui faire de mal dans la mesure où il ne lui reprochait rien. Il était immédiatement placé en garde à vue au commissariat de police avant d’être transféré à la brigade des recherches de gendarmerie d’Alès.

Deux victimes

Un déplacement rapide des forces de l’ordre sur les lieux du domicile permettait de confirmer la présence de deux femmes décédées dans un appartement situé aux Salles-du-Gardon. Les deux victimes, respectivement femme et belle-soeur du mis en cause, âgées de 26 ans et 39 ans, présentaient plusieurs traces d’arme blanche.

Séparation difficile

Les premières auditions du mis en cause laissaient apparaître qu’un contentieux important existait dans le couple qui, marié depuis décembre 2020, était plus ou moins séparé depuis quelques mois à l’initiative de madame, décision qu’il acceptait difficilement. Il apparaissait en effet que le couple était en séparation officieuse, et que madame avait déposé une main courante au commissariat d’Alès en décembre 2022 pour signaler qu’elle quittait le domicile conjugal de Cavaillon, tout en craignant que le père n’emmène l’enfant au Maroc.

Une dispute qui dégénère

Mais l’installation aux Salles du Gardon, qui datait de quelques jours seulement, laissait entrevoir une présence ponctuelle de monsieur au domicile, étant précisé qu’il était par ailleurs hébergé dans le Vaucluse dans le cadre de son travail la semaine. Alors qu’il arrivait vendredi dans l’après-midi au domicile, il se retrouvait en présence de sa belle-soeur avec laquelle ils se disputaient violemment dans la cuisine, le mis en cause lui reprochant sa mauvaise influence auprès de sa soeur et la tenant pour responsable des difficultés du couple et de comportement de son épouse. Il finissait par lui mettre plusieurs coups de couteau mortels.

Coups de couteau à la gorge

Son épouse arrivait, alertée par les cris, et finissait par apercevoir sa soeur au sol. S’ensuivait là aussi une scène de violences avec arme blanche au cours de laquelle elle recevait un coup à la gorge. Les autopsies confirmaient que les coups d’arme blanche portés étaient à l’origine des décès.

Conflit sur la garde de l'enfant 

La troisième personne présente dans les lieux et sommée de l’accompagner au commissariat de police était une esthéticienne en intervention à domicile. Sur le trajet les menant au commissariat de police, il expliquait avoir agi pour le bien de son enfant car sa belle-famille faisait obstacle à ses liens avec sa fille, lui demandant de l’argent pour la voir.
Les premières investigations permettaient de comprendre qu’un important contentieux dans le couple, et avec la famille de madame, semblait être à l’origine des fortes tensions ayant conduit aux faits.

Le suspect en situation irrégulière

Le gardé à vue évoquait des difficultés liées à la présence notamment de leur petite fille et au fait qu’il était en situation irrégulière en France, ce que sa belle-famille lui renvoyait régulièrement dans ce contexte de séparation. Il vouait de forts ressentiments à l’encontre de sa belle-soeur, dont son épouse s’était géographiquement rapprochée récemment.

Information judiciaire ouverte

L’ensemble de ces déclarations et arguments devront faire l’objet de vérifications dans le cadre de l’information judiciaire. Aucune procédure pénale n’était en cours pour des faits relatifs aux relations dans le couple. Le mis en cause n’est connu de la justice que pour une condamnation par ordonnance pénale pour défaut de permis de conduire en octobre 2022 par le tribunal judiciaire d’Avignon.

OQTF

En situation irrégulière sur le territoire national, il a fait l’objet au plan administratif d’obligation de quitter le territoire national par les préfectures de la Drôme et du Vaucluse en 2019 et mai 2022. Ces décisions ne sont pas en lien avec la commission antérieure de faits de nature pénale.

Mis en examen pour un double meurtre

Il a, ce jour, fait l’objet d’une présentation au magistrat instructeur qui l’a mis en examen du chef de meurtre sur conjoint et meurtre pour les faits commis sur sa belle-soeur, ainsi que du chef de violences volontaires aggravées au préjudice de la troisième personne présente, particulièrement choquée. Il a ensuite été placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention.

Le bébé confié à l'aide à l'enfance

L’enfant du couple, né le 18 juillet 2022, qui n’a subi aucune violence directe tout en étant témoin de la scène, a fait l’objet d’un placement judiciaire au centre hospitalier universitaire de Nîmes dans le cadre du protocole départemental de prise en charge des mineurs victimes de violences et meurtres intrafamiliaux, après une première prise en charge à l’hôpital d’Alès. Il sera pris en compte par les services départementaux de l’aide à l’enfance.

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