La radio associative d'Alès RGO n'est plus en mesure de diffuser ses programmes depuis le 9 avril. Ses locaux, ainsi que ceux de deux associations médico-sociales situés dans le même immeuble, ont été cambriolés et saccagés. Salariés et bénévoles sont sous le choc. Une plainte va être déposée.
C'est un spectacle de désolation qu'ont découvert salariés et bénévoles de Radio Grille Ouverte (RGO) samedi en fin d'après-midi. Ce 9 avril, les locaux de la radio associative d'Alès (Gard), situés avenue Jean-Baptiste Dumas, ont été cambriolés et saccagés, empêchant toute diffusion de programme sur la bande FM comme sur Internet. Yves Defago, administrateur de RGO, témoigne : "les portes sont toutes explosées, les alarmes ont été détruites. Il y a clairement eu préméditation".
Depuis, seuls les podcasts sont accessibles en ligne. Le site du média alésien affiche ce message : "RGO est muette", accompagné d'un long communiqué de presse dans lequel l'équipe détaille la longue liste des dégradations commises par les malfaiteurs.
Les studios ont été totalement démontés, les portes arrachées, les bureaux pillés, et tout le matériel de la radio, l’électronique des studios, ordinateurs, enceintes, platines, fly cases, câbles, tables de montage, etc.. etc... a été rassemblé dans le hall d’entrée pour être vraisemblablement déménagé dans la nuit.
Communiqué de Radio Grille Ouverte
/regions/2023/04/11/64352ef98b50e_rgo1.jpg)
Inscriptions injurieuses
Dans le même bâtiment, propriété de la mairie d'Alès, deux autres associations ont été victimes du même acharnement : le Centre Médico-Psychologique pour Adolescents du centre hospitalier d’Alès (CMPA), et RESEDA (Réseau des associations de Santé du bassin Alésien, ont eux aussi été fracturés et vandalisés.
Leurs ordinateurs et leur matériel ont subi le même sort que ceux de RGO. S'ajoutent à ces dégradations la découverte de tags injurieux, laissant penser à un pillage volontaire et organisé. Une plainte devait être déposée ce mardi, à la réouverture de l'accueil du commissariat après le weekend de Pâques. Les images amateurs tournées par Yves Defago montrent l'ampleur des dégâts au sein de la radio.
En attendant, la mairie a fait poser des blocs pour empêcher toute nouvelle intrusion. Car déjà, il y a une semaine, les locaux de RESEDA avaient été "visités" et la porte d'entrée avait dû être remplacée.
/regions/2023/04/11/64352f7b24c06_rgo3.jpg)
Actes prémédités
Toujours sur son site internet, l'équipe de la radio dénonce une atteinte à la liberté d'expression.
Le coup est grave pour la liberté d’expression et de création. Il prive salariés et bénévoles ainsi que les nombreuses associations de s’exprimer sur ce média associatif, non commercial et de proximité. L’équipe est profondément choquée par ce geste destructeur et irresponsable.
Communiqué de Radio Grille Ouverte
Police scientifique
Ce mardi matin, la police scientifique était à pied d'œuvre pour tenter de relever le moindre indice ou la moindre empreinte. Mais la tâche s'annonce ardue. Une paire de gants retrouvée sur place laisse à penser que les cambrioleurs étaient bien équipés. Une partie du matériel a d'ailleurs été emportée par les malfaiteurs. Sur sa page Facebook, RGO précise : "Nous avons mis en place des mesures de protection avec le concours de la ville d'Alès et des forces de sécurité".
Radio Grille Ouverte ne prévoit pas de pouvoir recommencer à émettre avant une à deux semaines. Yves Defago explique :
Il y a une grande solidarité de la part des autres médias, des gens nous proposent des locaux. Mais ce ne peut être que ponctuel, on ne pourra monter que des studios provisoires sans pouvoir diffuser en continu nuit et jour toute l'année comme aujourd'hui. Et puis avant, il faudra faire l'inventaire de ce qu'on peut récupérer et attendre que le rapport des experts en assurance.
Yves Defago, administrateur de Radio Grille Ouverte
Quartier difficile
Implantée depuis 10 ans dans un quartier d'Alès réputé difficile, c'est la toute première fois que la radio alésienne est victime de tels actes. Né au milieu des années 1990 de la volonté des églises protestantes gardoises, ce média généraliste et associatif est pour autant multiculturel et cultuel, avec un projet éditorial centré sur l'humanisme et les musique actuelles.
RGO travaille également en lien avec les nombreux établissements scolaires du secteur. Pour l'heure, aucune piste n'est privilégiée, selon Yves Defago : "peut-être qu'on dérange des points de deal, ce n'est pas impossible, mais ce ne sont que des hypothèses".
Chômage technique
Les trois salariés de Radio Grille Ouverte, dont une alternante journaliste de l'école ESJ Pro de Montpellier, sont désormais au chômage technique. RGO comprend aussi un conseil collégial dont Yges Defago est membre et plus de 80 bénévoles.
